Accès

Accès en voiture

Emprunter l'autoroute A12/E27 jusqu'à la sortie Bulle. Continuer ensuite en direction de Charmey, puis Jaun, jusqu'au centre du village. Plusieurs petits parkings sont disponibles le long de la route principale, notamment à hauteur de Hauptstrasse 384 et 411. Un autre parking est également disponible à hauteur de Höflistrasse 12.

Accès en transports publics

Depuis la gare CFF de Bulle, prendre le train en direction de Broc. Descendre à l'arrêt "Broc-Village". Ensuite, poursuivre le voyage avec le car postal à destination de Jaun. Descendre à l'arrêt "Jaun, Dorf". Il est également possible d'aller jusqu'au terminus ("Jaun, Bergbahnen") pour gagner 20 minutes de marche.

Pour trouver la meilleure correspondance, consulter l'horaire en ligne des CFF.

La Cascade de Jaun

Au sud du village de Jaun, une impressionnante cascade déverse des quantités abondantes d'eau dans la Jogne, ou Jaunbach en allemand.

Pratiquement en face de l'Hotel Wasserfall, un sentier pédestre mène au bord de la rivière. De là, une très courte montée conduit à l'exsurgence. D'une puissance remarquable, cette cascade est la plus importante source karstique du canton de Fribourg. Son débit moyen atteint 700 litres par seconde, mais il peut considérablement s'amplifier au printemps lors de la fonte des neiges, dépassant souvent les 3000 litres par seconde et pouvant même atteindre 6000 litres par seconde!

Pendant de nombreuses années, l'origine des immenses quantités d'eau jaillissant de la roche est demeurée un mystère. Ce problème a trouvé un début de réponse à la fin des années 1930, grâce à des essais de traçage réalisés à partir du Rio des Morteys. L'eau de ce ruisseau, qui coule dans le vallon du même nom, s'infiltre peu à peu dans le réseau karstique sous-jacent. En septembre 1928, après une période particulièrement sèche, le torrent disparaissait définitivement vers une altitude de 1700 mètres, où furent déversés 10 kg de fluorescéine, une matière colorante fluorescente en solution. Onze jours plus tard, la substance colorée réapparaissait au niveau de l'exsurgence de Jaun, située à plus de 12 km à vol d'oiseau.

Une vingtaine d'années plus tard, de nouveaux essais de traçage ont été effectués à partir de la plaine du Gros Mont dans le cadre d'un projet hydroélectrique qui ne vit finalement jamais le jour. Là aussi, les colorants sont réapparus à la cascade de Jaun.

Malgré plusieurs études sur les systèmes hydrogéologiques qui drainent le massif du Vanil Noir et la chaîne des Gastlosen, l'extension des bassins d'alimentation karstiques des principales sources de la région (la Chaudanne, Jaun et Sandli) demeure encore incertaine. Il est en effet fort probable que les limites varient en fonction de l'état hydrodynamique du système karstique sous-jacent.

En 1973, des spéléologues-plongeurs ont exploré pour la première fois le réseau karstique inondé qui aboutit à la cascade de Jaun. Depuis, plusieurs expéditions ont été menées. La plus poussée a atteint une distance de 300 mètres de galerie. Cela peut sembler peu, mais il a fallu cinq heures de plongée souterraine pour couvrir cette "petite" distance!

De Jaun à la Grotte Grabweidli

Après avoir contemplé ce spectacle naturel d'une beauté saisissante, j'ai longé la rivière en suivant le sentier pédestre en direction du col de Jaun, jusqu'au hameau de Kappelboden. Ce tronçon n'était peut-être pas le plus captivant, mais il s'avérait néanmoins plus agréable que de border la route principale.

J'ai suivi la route cantonale sur quelques centaines de mètres, puis j'ai entamé l'ascension le long de l'Oberbach, un affluent de la Jogne.

Un chemin carrossable longe ce petit ruisseau, mais au vu de la taille de son lit, les crues doivent être impressionnantes.

Rapidement, j'ai atteint la grotte "Grabeweidli", construite en 1955 en signe de gratitude après un hiver très avalancheux, mais pendant lequel personne n'a été blessé. À la Pentecôte, elle est apparemment décorée d'innombrables petites bougies et honorée par une procession. Le reste du temps, on peut admirer la statue de la Vierge Marie, les nombreuses plaques de remerciements pour les prières exaucées, la fontaine, et le petit jardin de fleurs qui entoure la grotte.

De la Grotte Grabweidli à Mittler Chüeboden

La partie inférieure de la vallée de l'Oberbach n'avait rien de particulièrement intéressant. À cette heure matinale, l'ascension s'effectuait à l'ombre, ce qui était agréable.

Une large piste a ensuite remplacé la route carrossable. D'abord agréable, le chemin avait en partie été endommagé par des engins forestiers, rendant la progression sur le terrain détrempé par les pluies récentes encore plus glissante et casse-gueule. Quand le chemin n'était pas gras, il était envahi par de hautes herbes humides. Heureusement, j'avais anticipé cela et j'ai enfilé les guêtres qui étaient dans mon sac à dos pour protéger au mieux mes pantalons.

À P. 1265, j'ai retrouvé une route d'alpage, pas vraiment plus sympathique, mais au moins elle n'était pas envahie de hautes herbes mouillées.

J'ai poursuivi la remontée du vallon de l'Oberbach jusqu'au croisement de sentiers pédestres situé vers 1350 mètres d'altitude. J'ai continué sur la route à gauche en direction de Golmly.

Le chemin a quitté le fond du vallon et a traversé ainsi l'alpage de Unter Chüeboden. L'appeler alpage est un peu un euphémisme. En effet, "Chüeboden" est un mot suisse-allemand qui se traduit "Küheboden" en allemand. Traduit littéralement, cela signifie "sol à vaches" et indique un pâturage à vaches. Oh surprise, en contrebas de la route, des vaches broutaient paisiblement au soleil qui commençait à taper. De l'autre côté, plus surprenant, c'était un troupeau de yaks qui paissait.

Une superbe vue sur les Gastlosen et les Préalpes Fribourgeoises s'est dévoilée au fur et à mesure que je prenais de l'altitude. Bien que la route d'alpage fût monotone et ennuyeuse, la flore était magnifique: les champs étaient parsemés de toute sorte de fleurs, notamment des campanules, des pulsatilles des Alpes, des centaurées à un capitule, et des gentianes jaunes. Sans oublier les fraises sauvages qui m'ont offert des petits amuse-bouche très succulents.

Les cartes topographiques indiquent un chemin qui remonte à travers l'alpage entre les chalets de Unter Chüeboden et Mittler Chüeboden. Sur place, je n'ai rien remarqué. De plus, j'avais peu envie de m'aventurer sur un pâturage occupé par des yaks, dont des jeunes… J'ai donc continué à suivre la monotone route d'alpage jusqu'au chalet de Mittler Chüeboden.

De Mittler Chüeboden à la Cabane du Schafberg

J'ai dépassé le chalet de Mittler Chüeboden (P. 1543), puis j'ai continué sur la route sur environ 200 mètres. Au milieu d'un virage très serré vers 1580 mètres d'altitude, j'ai quitté le sentier balisé et également, sans le moindre regret, la route d'alpage pour me diriger plein est à travers le pâturage.

Dans un premier temps, j'ai suivi des pistes creusées par les vaches, mais très vite j'ai retrouvé un chemin unique bien marqué qui montait d'une pente douce. La flore était encore plus variée. J'ai notamment observé, en plus des fleurs mentionnées auparavant, des sainfoins cultivés et plusieurs sortes d'orchidées (tachetés et moucheron).

Certains tronçons du chemin étaient, sans grande surprise, envahis par de hautes herbes encore bien humides malgré le soleil qui brillait haut dans le ciel depuis quelques heures déjà et qui chauffait bien.

J'ai gravi la pente en direction d'une paroi rocheuse au-dessus de laquelle planaient plusieurs rapaces que j'ai supposés, à tort, être des gypaètes barbus. Ce n'est que plus tard que j'ai découvert leur véritable identité…

Une courte mais raide montée dans une forêt clairsemée suivie d'un flanc de coteau m'ont conduit à la petite cabane du Schafberg, vers 1730 mètres d'altitude (P. 1727 sur les anciennes cartes topographiques). Le refuge était fermé et je n'ai donc pas pu jeter de coup d'œil à l'intérieur.

Bien que les cartes topographiques n'indiquent que par intermittence le chemin menant à la cabane, sur le terrain, je n'ai rencontré aucune difficulté à suivre la trace bien marquée.

De la Cabane du Schafberg au Sommet Principal du Schafberg (P. 2238)

J'ai contourné la cabane par la droite, puis j'ai retrouvé un chemin bien marqué qui montait face à la pente en direction plein nord. L'herbe n'était plus très haute, ce qui facilitait considérablement le repérage du parcours. Comme indiqué sur les cartes topographiques, le chemin a continué, vers 1750 mètres d'altitude, avec une pente plus douce en direction nord-est.

Le mot "Schafberg" se traduit littéralement de l'allemand par "montagne aux moutons". Je n'ai donc pas été très surpris lorsque, sur les pentes herbeuses, quelques moutons broutaient. Ce qui m'a paru étrange, c'est qu'il n'y en avait que quatre…

Vers 1800 mètres d'altitude, le chemin a disparu dans la pente herbeuse. J'ai maintenu le cap nord-est et emprunté une des multiples sentes créées par les moutons.

J'ai atteint le pied d'une barre rocheuse vers 1880 mètres d'altitude. Les anciennes cartes topographiques, éditées avant 2010, indiquaient un sentier qui contournait cette barre rocheuse pour remonter ensuite en direction nord-ouest le long d'un couloir, et gagner un refuge vers 1970 mètres d'altitude.

La pente à ma gauche que j'ai découverte après avoir contourné la barre rocheuse ne me plaisait pas plus que cela. En regardant la carte topographique, un passage moins raide semblait être disponible à une centaine de mètres au nord-est. J'ai donc continué dans cette direction en suivant un chemin relativement bien marqué qui remontait ensuite par de courts lacets. Concentré sur les rapaces qui continuaient à virevolter au-dessus de moi, j'ai oublié de prendre des photos du passage, mais je n'ai rencontré aucune difficulté particulière. J'ai ainsi gagné une croupe gazonnée vers 1980 mètres d'altitude.

Les pentes de la face sud du Schafberg étaient peuplées de nombreux moutons. Je n'ai pas eu à attendre longtemps avant qu'un patou me repère et vienne m'accueillir avec des grognements et des aboiements. Heureusement, il est sagement resté à l'intérieur de l'enclos fait avec des fils électriques. Cette clôture ne semblait cependant pas très efficace. En effet, plusieurs dizaines de moutons avaient réussi à s'échapper et profitaient de leur liberté.

J'ai poursuivi ma progression en gardant le cap au nord-est tout en restant à plusieurs dizaines de mètres de l'enclos. Le gardien du troupeau à quatre pattes m'a escorté quelques instants, puis a disparu.

La pente s'est accentuée davantage, mais les marches naturelles dans le terrain ont contribué à une progression somme toute agréable. Le plus irritant était de suivre un sentier, creusé par les moutons, qui ne menait nulle part et de devoir ensuite repérer une nouvelle sente.

Lorsque j'ai atteint l'arête faîtière vers 2200 mètres d'altitude, un puissant "WOW" s'est échappé involontairement de ma bouche. Le Schafberg comporte en effet deux faces: la face sud, que je venais de gravir, est gazonnée avec une "douce" inclinaison, tandis que la face nord est rocheuse et abrupte. Un panorama époustouflant s'est dévoilé, m'offrant une vue sur le Kaiseregg et le Stieregrat, avec une perspective vertigineuse sur la combe de Teuschlismad et l'alpage du Kaiseregg.

J'ai ensuite parcouru l'arête aérienne jusqu'au sommet le plus élevé du Schafberg (P. 2239), situé dans le canton de Berne. Il est orné d'une croix métallique ridiculement petite, que j'ai initialement confondue avec un piquet.

La principale difficulté pour atteindre le sommet par la face sud réside dans la recherche d'itinéraire. À cause des multiples sentiers empruntés par les moutons, on peut facilement s'égarer. Les pentes herbeuses, bien que parfois raides, ne sont pas techniquement complexes. La cotation T4 est néanmoins justifiée.

Le Schafberg offre une vue impressionnante non seulement sur les Alpes bernoises, mais aussi sur le massif du Mont-Blanc et les Alpes valaisannes. Par temps dégagé, on peut notamment observer l'Eiger, le Mönch et la Jungfrau, le Weissmies, le Wildstrubel, le Weisshorn, le Cervin, la dent Blanche, le Wildhorn, Les Diablerets, le Mont-Blanc, les Dents du Midi et bien d'autres encore. C'était un pur enchantement, malgré les quelques nuages qui parsemaient le ciel.

Du Sommet Principal au Sommet Nord-Ouest

Depuis le sommet bernois, j'ai longé l'arête ouest, parfois aérienne, jusqu'à un col. L'ascension du deuxième sommet s'avère abrupte. On peut soit rester sur le fil de l'arête et utiliser ses mains pour évoluer sur le terrain rocheux, soit s'engager légèrement dans la partie herbeuse de la face sud et suivre l'une des sentes qui mènent à la (grande) croix du sommet nord-ouest, sans nom ni côte sur les cartes topographiques.

D'après la plaque fixée sur la croix, il s'agirait du point culminant du district de la Singine, appelé Sensebezirk en allemand. La même plaque indique que l'altitude du sommet serait de 2235 mètres. Ces informations me semblent erronées. Tout d'abord, ce sommet culmine plutôt à 2223 mètres d'altitude. Ensuite, le point culminant du district de la Singine est vraisemblablement le sommet principal (P. 2239), bien que ce dernier soit partagé avec le canton de Berne…

Du Sommet Nord-Ouest au Sommet Ouest

Le sommet nord-ouest était très fréquenté par les moutons, qui y ont laissé une quantité incroyable de crottes. Il était difficile de progresser sans marcher dessus, et les pluies des jours précédents en avaient rendu plusieurs glissantes.

J'ai parcouru l'arête étroite et un peu exposée jusqu'à atteindre rapidement le sommet ouest (P. 2212). Une croix en bois est érigée légèrement en contrebas du sommet (à l'ouest).

Je me suis arrêté un instant au sommet herbeux pour observer les grands rapaces qui continuaient à virevolter autour de moi. J'en ai compté au moins huit. Pendant toute l'ascension, je les avais pris pour des gypaètes barbus, mais ils n'avaient pas la typique queue longue et en forme de losange. Elle était plus courte et arrondie. De plus, la couleur du plumage tirait sur le roux. Quelques spécimens se sont suffisamment approchés pour que je constate qu'il s'agissait de vautours fauves! C'était plus logique. Cet animal grégaire vit en colonie, contrairement au gypaète qui est le plus souvent solitaire ou en couple.

Du Sommet Ouest du Schafberg au Col de Golmly

Je suis resté un long moment à contempler ces imposants oiseaux qui planaient en cercle, utilisant les courants thermiques, probablement à la recherche de nourriture.

Depuis le sommet ouest, j'ai entamé la descente le long de l'arête nord-ouest. La suite ne présentait plus vraiment de difficultés techniques. La partie aérienne, étroite et exposée, se situe principalement entre le sommet ouest et le sommet principal du Schafberg.

Malgré tous les moutons qui se trouvaient sur l'arête, j'ai été surpris, mais pas mécontent que le chien de garde ne soit pas monté jusqu'à l'arête pour me demander de m'éloigner des animaux.

Peu avant d'atteindre le point 2105, on quitte le gigantesque enclos à moutons. Comme pendant l'ascension, des moutons s'étaient également échappés et trainaient plus bas.

Pendant la suite de la descente, où l'arête tourne en direction nord-ouest, on peut bien observer le versant nord, rocheux et très abrupt, du Schafberg.

Un chemin bien marqué longe la crête jusqu'au col de Teuschlismad, un large col vers 2065 mètres d'altitude (sans nom ni altitude sur les cartes topographiques). Là, on retrouve le sentier balisé en blanc–bleu–blanc qui relie Golmly au Kaiseregg.

Au niveau du large col, le sentier balisé est bien marqué et j'ai repéré plusieurs traces de peinture blanc–bleu–blanc peintes sur les rochers, bien qu'un peu de brouillard ait décidé de s'inviter à la fête.

J'ai emprunté ledit chemin à gauche, c'est-à-dire en direction sud-sud-ouest. Contre toute attente, le terrain était gras, chose que je n'avais heureusement pas vraiment rencontrée pendant l'ascension et le parcours le long de l'arête.

Jusqu'au col de Golmly (P. 1913), je me suis donc davantage concentré sur le terrain que sur le paysage.

Un Bout sur l’Arête Nord-Est du Euschelsflue (Cotation T6!)

Comme il me restait encore du temps, j'envisageais d'ajouter à la course le Chällihorn en passant par l'Euschelsflue. La traversée est cependant cotée T6, et j'éprouvais quelques hésitations à cause des conditions du terrain.

Depuis le col de Golmly, j'ai néanmoins entrepris de suivre l'arête nord-est du Euschelsflue qui s'est rapidement révélée très aérienne. Les sapins et la broussaille qui bordaient le fil de l'arête compliquaient la progression, la rendant encore plus lente et ardue. Le sol était en effet gras, et à proximité d'un premier ressaut rocheux étroit, j'ai pris la décision d'abandonner. Bien que le passage fût équipé d'échelons, il s'agissait d'escalade en II-III et je ne me sentais pas à l'aise pour l'affronter.

J'ai donc choisi de reporter cette partie à un autre jour et j'ai rebroussé chemin jusqu'au col de Golmly par le même itinéraire.

Du Col de Golmly à Chälli

Depuis le col de Gomly, j'ai suivi le sentier pédestre jusqu'au chalet d'alpage d'Ober Chüeboden.

La suite emprunte la partie supérieure de la route monotone que j'avais parcourue à l'ascension. À la descente, elle ne s'avérait pas plus intéressante…

J'ai atteint une bifurcation vers 1650 mètres d'altitude, puis j'ai continué à droite. Un sentier s'élevait, d'abord en pente douce puis de façon plus prononcée. Je suis arrivé à un col décoré de drapeaux de prières tibétains, réputés comme des porte-bonheurs ayant le pouvoir d'écarter les difficultés. Il aurait été bien utile que de tels drapeaux soient installés au pied du Euschelsflue…

J'ai ainsi débouché sur l'alpage du Chälli. Ce mot suisse-allemand se traduit "louche" en français ("Kelle" en allemand), ce qui illustre assez bien la situation de l'alpage, qui fait effectivement penser à une louche.

Une courte descente m'a mené à la hauteur du magnifique chalet agrémenté de petits jardinets de rhododendrons. Un irrégulier, mais très beau muret en pierres sèches protège les visiteurs et visiteuses qui s'installent aux deux grandes tables en bois à l'extérieur. L'endroit abrite en effet une buvette d'alpage où apparemment l'on mange très bien. Lors de mon passage, il n'y avait cependant personne et le chalet était fermé.

De Chälli à la Ruine Bellegarde

La suite de la descente était jalonnée d'objets joliment placés tels que de nombreuses images d'espèces animales locales, des drapeaux tibétains et même un mannequin qui m'a fait sursauter en l'apercevant! Le chemin exigeait de nouveau un minimum de concentration. Le sentier traversait en effet des pentes par endroits très abruptes. Néanmoins, le chemin était suffisamment large, mais il était préférable de ne pas trébucher.

Après avoir traversé l'alpage de "In den Zügen" et celui de Hinterturr, j'ai atteint une route asphaltée (P. 1291) que j'ai suivie sur quelques lacets jusqu'aux ruines d'un château (P. 1179).

La Ruine du Château de Bellegarde

L'époque exacte de l'édification du château fort est malheureusement difficile à déterminer, mais elle remonte probablement au XIIe siècle. Les Seigneurs de Corbières étaient à cette époque une lignée de nobles très influents et la vallée de la Jogne faisait partie de leurs propriétés. C'est pourquoi ils ont construit sur ce rocher leur résidence d'été, bénéficiant d'une vue imprenable sur tous les points cardinaux de la vallée.

Jaun est le nom germanophone du village. En français, il s'appelle Bellegarde. Le nom a évolué au fil du temps: Balavarda en 1228, Ballavardô vers 1250, Bellagarda en 1426. Ce toponyme est issu du bas latin "bella", signifiant "belle", et du germanique "*vardô" qui signifie "endroit d'où l'on surveille".

Grâce à leur château sur les hauteurs, les Seigneurs pensaient être à l'abri de toute sorte d'ennemis, mais comme souvent à cette époque, ils n'étaient pas toujours en mesure de conserver leurs terres. C'est ainsi qu'en 1404 Pierre de Corbières a cédé sa part de terre de Jaun au Comté de Gruyère. Par la suite, les villages voisins de Rougemont, Château-d'Oex et Saanen ont signé un traité de co-bourgeoisie avec Berne, ce qui a fortement contrarié le Comte de Gruyère.

Des affrontements entre Gruyère et Berne ont alors éclaté, entraînant la destruction du château fort en 1407. L'année suivante, la paix s'est rétablie, mais le château n'a pas été reconstruit. Il aura fallu attendre la fin du XXe siècle pour que l'on restaure ce qui restait des ruines avant leur complet délabrement. Les travaux ont été achevés en 2005.

Les ruines offrent un magnifique point de vue sur le village de Jaun et la cascade.

De la Ruine Bellegarde à Jaun

Après la visite des ruines, j'ai poursuivi la descente, alternant entre sentiers et routes asphaltées, jusqu'à regagner le village de Jaun.