Accès

Accès en voiture

Prendre l'autoroute A9 jusqu'à Martigny, puis continuer sur la E27 en direction du Grand St-Bernard. Au giratoire juste après la sortie du Tunnel du Mont-Chemin, continuer en direction de Martigny-Croix. Au giratoire suivant, suivre les indications pour le Col des Planches. Continuer ensuite en direction du col de Lein (en passant par le col du Tronc). Un parking est disponible en contrebas du col.

Veuillez noter que depuis le col des Planches la route est étroite et le croisement est souvent difficile. De plus, l'état de la route elle-même laisse parfois à désirer (plusieurs nids-de-poule).

Accès en transports publics

Le Col du Lein n'est pas desservi par les transports publics. Cela dit, on peut prendre le car postal au départ de la gare de Martigny jusqu'au col des Planches et de gagner à pied le col du Lein (environ 1h de marche).

Introduction

Le jour avant la randonnée j'étais au téléphone avec un copain pour choisir notre destination. Chacun était devant une carte topographique et faisait des propositions à l'autre bout du fil. En survolant le Valais central je me suis souvenu d'une suggestion de randonnée automnale à la Pierre Avoi qui était apparue il y a quelques années dans la revue Les Alpes du CAS. Malheureusement sur le moment je n'ai pas réussi à retrouver ledit article, mais je suis remémoré que le parcours était sur la face NW et qu'il traversait une forêt de mélèzes. En regardant la carte topographique nous en avons déduit que ça devait être la forêt de L'Aroley et le Col du Lein faisait un très bon point de départ…

Du Col du Lein à la Comba Plâne

Depuis le parking, nous avons suivi la route carrossable en direction N sur 300 mètres, jusqu'au col même, puis nous avons continué sur le branchement de droite.

Nous avons commencé à entendre un bruissement: c'était celui d'une petite centrale électrique dont les turbines acheminent l'eau depuis Louvie, au fond du Val de Bagnes (pas loin du Lac de Mauvoisin). Il s'agit de l'eau potable et d'irrigation utilisée par la commune de Vollèges. Le bruit de l'infrastructure gâche le calme sauvage des lieux, mais en pénétrant dans la forêt de l'Aroley, après avoir contourné le réservoir à ciel ouvert, le calme est revenu.

Le chemin forestier monte d'une pente douce et nous avons rapidement gagné la bifurcation à P. 1840. Pour rejoindre le sommet, il faut continuer à monter. Vers 1960 mètres d'altitude le chemin sort un court instant de la forêt et passe tout proche du précipice. J'ai été impressionnée de voir que le versant S de cette montagne est friable et inhospitalier, tout à l'opposé par rapport à la traversée dans la forêt!

Quelques ouvertures permettent d'admirer la plaine du Rhône et d'apercevoir la Pierre Avoi. Depuis ce côté, elle a la forme d'une énorme molaire. Nous sommes arrivés vers le lieu-dit du Grand-Luy, juste au-dessous du sommet. Pour voir la cime quelques 350 mètres plus haut il faut bien lever la tête!

La couleur de la plupart des mélèzes avait déjà tourné au brun, mais quelques-unes avaient encore la couleur jaune-feu typiquement automnale. Par endroits le sentier était blanc de givre. Nous avons ralenti notre pas pour éviter de glisser, tout en nous demandant si la suite du parcours, tout particulièrement le dernier tronçon qui mène au sommet, était praticable.

Vers 2200 mètres d'altitude, à l'entrée de la combe, nous avons eu la chance d'apercevoir plusieurs chamois se balader tranquillement au-dessus de nous dans les pentes herbeuses. Par-ci et par-là des petites plaques de neige recouvraient le sol, mais pour le moment le chemin était propre.

Peu avant d'arriver au col de Comba Plâne, nous avons croisé deux traileurs qui descendaient. Ils étaient montés jusqu'au sommet, mais avaient rebroussé chemin au Col de la Marlène car la combe sous-jacente était complètement enneigée et trop glissante. Zut, c'est par là que nous avions prévu de descendre…

De la Comba Plâne à la Pierre Avoi

En rejoignant Comba Plâne, nous avons été accueillis par un tiède soleil. Les pentes, orientées S, étaient sans traces de neige.

Avant de continuer l'ascension nous avons suivi une sente bien visible en direction SW jusqu'à l'antécime (P. 2336), pour admirer la vue vertigineuse sur Vollèges. De retour au col, nous avons poursuivi sur le chemin balisé blanc–rouge–blanc. Vers 2400 mètres d'altitude nous avons laissé le balisage rouge à droite pour suivre celui en blanc–bleu–blanc qui gravit à travers des grosses dalles où des grimpeurs s'amusaient.

Nous avons rejoint une échelle en bois, qui marque le début de la partie finale de l'ascension. Un peu plus haut, une échelle métallique permet de surmonter une petite barre rocheuse. S'ensuivent une série de marches taillées dans la roche, sécurisées par des chaînes, qui mènent jusqu'à la croix sommitale. Bien que largement sécurisés, ces passages sont déconseillés aux personnes sujettes au vertige. Au sommet on a une magnifique vue panoramique sur la vallée du Rhône d'un côté et le Val de Bagne de l'autre avec en arrière-plan une multitude de sommets les uns plus beaux que les autres.

Le nom de cette cime est très intéressant. Pierre Avoi est une réinterprétation du patois Pira Avoua ou Pyer Avoua, issu du latin "petra acuta", qui signifie "pierre aigüe". Parfois il est faussement appelé, probablement à cause de la ressemblance phonétique, Pierre à Voir ou Pierre Avoir.

Après cette courte parenthèse étymologique, je voulais prendre quelques lignes pour parler de la difficulté du parcours. Le dernier tronçon qui mène au sommet est balisé en blanc–bleu–blanc. Or, selon les normes de la Fédération suisse du tourisme pédestre (FSTP) ce balisage est utilisé pour les randonnées alpines (T4 ou T5). Je trouve cette cotation exagérée car tous les passages exposés sont largement sécurisés par des chaînes et l'appui des mains (si nécessaire) est seulement pour l'équilibre. La cotation ne devrait donc pas, à mon avis, dépasser T3. Est-ce que le côté alpin, sévère, a été mis pour attirer l'attention des touristes? En effet, depuis Verbier, les remontées mécaniques permettent de rejoindre sans effort les Savoleyres. De là, la Pierre Avoi est à moins d'une heure de marche.

De La Pierre Avoi à Chapelle Madeleine

La place au sommet de la Pierre Avoi est relativement limitée et de plus en plus de petits groupes, la plupart provenant des Savoleyres, continuaient à affluer au sommet. Nous avons attendu un court répit dans l'arrivée de randonneur (le croisement n'est pas toujours facile) pour descendre par les mêmes marches et échelles.

Gagner la bifurcation, puis partir à gauche (NE) le long de l'arête. Le chemin passe ensuite à travers des paravalanches. Ce n'est pas le passage le plus joli de la randonnée, mais c'est vite passé et par une courte descente on rejoint le croisement au col de la Marlène. Bien que plusieurs chemins balisés se croisent à cet endroit, je n'ai vu aucun panneau du tourisme pédestre.

Nous sommes partis en direction N dans la combe qui était bien blanche. Le timide soleil avait ramolli ce qu'il fallait de la couche de neige et, à la différence des deux traileurs croisés à la montée, nous n'avons eu aucune difficulté à traverser la combe.

Vers 2270 mètres d'altitude nous avons à nouveau trouvé la trace de chemin. Par la suite, nous avons dû nous débrouiller au mieux pour franchir deux langues de glace qui couvraient une bonne partie de la largeur du chemin. Heureusement il y avait une fine bande propre, tantôt à gauche, tantôt à droite, sur lesquelles on a pu poser un pied pour progresser.

Descendre jusqu'à une bifurcation à environ 2110 mètres d'altitude (panneaux). Laisser le chemin balisé à droite et poursuivre sur un sentier relativement bien visible qui part à gauche (direction SW) et traverse d'un faux plat les pentes abruptes.

Environ 300 mètres plus loin, vers la moitié de la traversée, notre regard a été attiré par un panneau d'avertissement de risque de chute de pierres, accompagné du message "Sentier dangereux". Le message ne pouvait pas être plus explicite. Avant de franchir le passage nous avons donc observé les pentes au-dessus de nous et bien tendu les oreilles. C'est là que nous avons vu des chamois. Deux magnifiques animaux qui auraient pu faire dévaler des pierres sur nous. Nous avons donc attendu que les deux mammifères se déplacent avant de traverser le passage d'un pas sûr et rapide.

Quelques dizaines de mètres plus loin, nous avons trouvé un chemin recouvert d'un mélange de neige et de givre, mais les chaussures accrochaient bien sur le terrain.

Nous avons pu rejoindre la petite Chapelle Madeleine sans soucis particuliers.

De la Chapelle Madeleine au Maupas

Sur les cartes topographiques, le chemin s'arrête à la chapelle. Par la suite le parcours n'est tracé que par petits bouts. La question que nous nous sommes posés plusieurs fois avant de rejoindre la chapelle était de savoir s'il était possible de traverser juste au-dessous des barres rocheuses.

Nous avons contourné le petit sanctuaire par la droite et à notre grande surprise nous avons trouvé une sente bien visible qui descendait SW d'une pente assez douce. Une cinquantaine de mètres plus loin, à la sortie de la forêt, les choses étaient bien moins évidentes. Après une descente très raide, exposée et légèrement grasse, nous avons traversé un pierrier en longeant le pied de la barre rocheuse. Nous ne nous sommes pas trop attardés dans la traversée, l'endroit semblait très propice aux chutes de pierres. La suite de la traversée reste exposée, mais c'était moins compliqué car presque à plat.

Environ une centaine de mètres plus loin, une chaîne était censée sécuriser un bout de la traversée. Hélas des amarrages n'étaient plus fixés aux rochers et d'autres étaient abîmés. Sans compter que certains bouts des chaînes avaient été remplacées par des cordelettes délabrées. Bref, nous n'avons pas vraiment compté sur les chaînes pour franchir le passage… S'ensuit la traversée d'un couloir très raide et exposé aux chutes de pierres. C'est probablement une d'elles qui a cassé l'amarrage de la chaîne qui traînait au sol.

Nous aurions dû imaginer que passer par le lieu-dit nommé Maupas n'aurait pas été une partie de plaisir. Le nom dérive de "Malpas", qui signifie "mauvais pas, passage difficile".

Après avoir traversé le couloir, le sentier remonte et pénètre dans une forêt éparse. Le passage technique et exposé était terminé et nous l'avons franchi sans qu'il y ait eu de chutes de pierres. Cela dit, je ne sais pas si je recommanderai cette traversée…

Le chemin mène en haut d'une butte depuis où on peut contempler l'impressionnant parcours qu'on vient d'effectuer au pied des barres rocheuses. En haut du monticule, le chemin n'était plus très visible (le sol était recouvert d'aiguilles de mélèzes). Après avoir consulté la carte nous sommes partis plein S et une cinquantaine de mètres plus loin nous avons retrouvé une trace bien visible qui passe tout proche d'une petite cabane en bois, puis continue jusqu'à rejoindre le chemin balisé emprunté à la montée.

Du Maupas aux Blisiers par l'arête Est

Depuis la bifurcation, suivre le même itinéraire qu'à la montée sur environ un kilomètre, jusqu'à l'endroit où le chemin sort un court instant de la forêt et s'approche tout près du précipice (vers 1960 mètres d'altitude environ).

Quitter la route forestière, monter sur la petite dalle en béton, puis suivre la crête. Dans un premier temps une sente bien marquée et agréable longe tantôt l'arête, tantôt poursuit dans le flanc N de la montagne.

Hélas les choses se sont rapidement corsées. Nous avons dû franchir plusieurs courts passages pentus (mais pas exposés) et à deux reprises nous avons dû enjamber péniblement des zones recouvertes de troncs entrelacés. Parfois le chemin est peu marqué. À d'autres instants, au contraire, il faut choisir de façon complètement aléatoire une de multiples sentes. Nous avons décidé de rester au plus proche de l'arête, mais ce n'était pas le bon choix, car nous avons atterri une cinquantaine de mètres en contrebas du sommet des Blisiers

À priori nous n'avons pas été les premiers à arriver là, puisqu'une sente remonte à travers les arbres jusqu'à l'arête E, où un chemin bien marqué mène jusqu'au sommet. Je suppose que nous avons fait un mauvais choix à environ 200 mètres au WNW de P. 1972 où nous aurions dû poursuivre, je ne sais pas comment, sur une épaule interne. Probablement dans l'autre sens le parcours est plus facile à suivre…

Au sommet des Blisiers on a un joli point de vue sur la Pierre Avoi, le Val Ferret, le Val d'Entremont et le Val des Bagnes.

Des Blisiers au Col de Lein

La descente depuis Les Blisiers est bien marquée et ne pose aucune difficulté. Elle traverse une magnifique forêt éparse de mélèzes qui avaient déjà perdu la majorité des aiguilles.

Vers 1820 mètres d'altitude nous avons rejoint le chemin balisé pas loin de la petite centrale électrique.

Nous sommes ensuite retournés au parking du col de Lein par le même itinéraire qu'à la montée.