Accès

Notre groupe incluait des enfants et nous voulions limiter la distance ainsi que le dénivelé. Pour ces raisons, nous avons effectué la randonnée en traversée en débutant au Pas de Maimbré et en terminant aux Rousses.

Accès en voiture

L'accès en voiture est déconseillé du fait que la randonnée n'est pas une boucle.

Pour rejoindre Anzère, emprunter l'autoroute A9 jusqu'à la sortie Sion-Est. Suivre les indications pour Ayent/Anzère et gagner le parking payant au départ des remontées mécaniques.

Accès en transports publics

Anzère est desservi par des cars postaux au départ de la gare de Sion. Descendre à l'arrêt "Anzère, télécabine".

Pour le retour, prendre un premier bus aux Rousses sur la ligne Barrage de Tseuzier — Botyre jusqu'à St-Romain. Cette ligne n'est opérationnelle qu'en été et le nombre de correspondances est très limité (seulement deux par jour!). Depuis St-Romain, rallier la gare de Sion avec un deuxième car postal sur la ligne Anzère — Sion.

Consulter l'horaire en ligne des CFF pour trouver les meilleures correspondances.

D'Anzère à la Station du Pas de Maimbré en Télécabine

L'idée d'entamer la randonnée avec une ascension sous les installations mécaniques ne nous attirait pas du tout. Nous avons donc relié Anzère au Pas de Maimbré en télécabine. Les remontées sont incluses dans la Magic Pass. Le prix d'un aller simple pour un adulte n'ayant pas cet abonnement est de 12 CHF (été 2023). Des réductions s'appliquent aux enfants et aux séniors et séniores.

Nous avons aperçu plusieurs marmottes lorsque nous avons survolé l'alpage de Tsalan d'Ayent. Ce toponyme est une forme patoise valaisanne de "challand", avec une mutation du son "[ch]" en "[ts]". Il dérive du participe présent adjectivé "challant" et du verbe de l'ancien français "chaloir" qui signifie "chauffer" et indique un endroit particulièrement exposé au soleil. Comme quoi, les marmottes adorent aussi faire bronzette…

Pour bien amorcer la journée, nous avons pris un café au restaurant Pas de Maimbré. Sa terrasse offre une vue à 180 degrés sur plusieurs géants des Alpes. Par temps bien dégagé, ce qui n'était malheureusement pas notre cas, on peut profiter d'un panorama qui va du Bietschhorn à l'est, au Mont-Blanc à l'ouest, en passant par le Weisshorn, la Dent Blanche et le Grand Combin.

La statue d'un gypaète de bronze grandeur nature a été installée sur la terrasse du restaurant en 2018. Ces grands vautours, qui peuvent faire jusqu'à près de trois mètres d'envergure, sont l'emblème d'Anzère et ils survolent souvent la région. D'ailleurs, deux photographes munis de téléobjectifs les attendaient impatiemment, mais jusque-là, ils ne s'étaient pas encore montrés.

De la Station du Pas de Maimbré à La Selle

Nous avons emprunté le sentier balisé "derrière" la station supérieure de remontées mécaniques (côté nord) qui monte d'une pente très douce sur une large épaule en direction des Audannes.

Nous n'avons pas eu à marcher longtemps avant d'entendre les premiers sifflements de marmottes qui avertissaient leurs congénères du gypaète barbu qui rôdait dans l'air. Nous avons observé un instant le plus grand oiseau des Alpes voltiger au-dessus du versant sud du Chamossaire, puis nous avons poursuivi à gauche (direction ouest) et gagné le vrai Pas de Maimbré qui culmine à environ 2390 mètres d'altitude.

Un escalier métallique permet de franchir aisément une barre rocheuse.

Un sentier à flanc de coteau traverse ensuite les pentes raides de la face ouest du Chamossaire. Ce toponyme dérive du patois romand et savoyard "tsamo", du bas latin "camossus" et du gaulois "camox" et signifie "chamois". Il indique un endroit où se trouvent des chamois. Malgré le nom, nous n'avons malheureusement pas aperçu de mammifères ruminants…

J'ai eu craint que le paysage soit enlaidi par les pistes de ski d'Anzère. Le vallon de la Sionne qu'on remonte est pourtant très sauvage. Les couleurs du Sé Noir (très foncées) à l'ouest contrastaient superbement avec celles du Sé Rouge (rougeâtres) au nord.

Les deux premiers kilomètres de marche sont presque à plat. Le sentier comporte cependant quelques courts passages légèrement étroits et aériens qui demandent un minimum de concentration et un pied sûr, notamment lors du franchissement de petits couloirs.

Un troupeau de moutons très chou au museau noir fainéantait dans ces pentes caillouteuses. Cette race ovine est nommée "nez noir du Valais" et elle est réputée résistante. C'est aussi la seule espèce suisse porteuse de cornes. Lors de notre passage, plusieurs de ces ruminants nous ont réservé un accueil bêlant.

On continue d'un faux plat jusqu'au croisement de sentiers pédestres au Four (P. 2424). La pente se raidit par la suite. L'on franchit en outre une barre rocheuse par une large vire sécurisée par des cordes. Le passage est légèrement aérien et pourrait être rédhibitoire aux personnes sujettes au vertige, mais techniquement il ne pose pas de difficulté majeure.

En haut de cette petite paroi, on est face à un nouveau contraste stupéfiant. Le vallon de la Sionne, en aval, est verdoyant tandis qu'en amont le paysage est lunaire, avec de la rocaille à perte de vue.

S'ensuit une autre traversée sur un mélange de terre et pierre ocre qui permet de gagner aisément la Selle. C'est le point culminant du parcours. L'endroit offre une superbe vue sur le Pucé (anciennement nommé Mont Pucel) et le glacier du Wildhorn. Ce dernier est aussi appelé glacier du Téné (autrefois écrit Ténéhet) et, par le passé, glacier des Audannes. À l'ouest, le panorama s'ouvre sur les Diablerets et ses glaciers.

De La Selle à la Cabane des Audannes

Si vous avez le temps et la vue est dégagée, l'ascension du Sé Rouge (sans difficulté technique particulière) permet de découvrir un superbe panorama. Compter une petite heure pour l'aller-retour. Il était presque midi et pour certains d'entre nous, l'appel des rösti était bien plus pressant que de "perdre" une heure pour regarder de beaux horizons. Nous avons donc pris la direction de la Cabane de Audannes sans nous attarder.

Un chemin bien marqué serpente dans le paysage lunaire. Je suis toujours étonné de voir des fleurs pousser sur ce type de terrain désertique. Saxifrages à feuilles opposées, linaires et marguerites des Alpes, doronics à grandes fleurs, ce ne sont que quelques-unes des espèces que nous avons admirées.

La deuxième partie de la descente traverse des lapis. Il n'y a plus de sentier proprement dit. Il est donc important de repérer (et suivre) les cairns ainsi que les traces de peintures blanc–rouge–blanc. La recherche du parcours est la seule difficulté.

Après un énième virage, la cabane des Audannes, dont la forme fait penser à un module spatial, apparait perchée sur sa butte herbeuse. Quelques minutes seulement sont nécessaires pour gagner sa terrasse.

La Cabane des Audannes

La cabane des Audannes est relativement jeune. Elle a en effet été construite au début des années 1990 grâce aux parts sociales acquises par plus d'un millier de membres ainsi qu'à l'engagement de nombreux et nombreuses bénévoles. Le lac du même nom est encaissé dans une combe en contrebas.

La vue sur le cirque des Audannes est extraordinaire. Il est dominé par des parois rocheuses de plusieurs centaines de mètres. Il nous a d'ailleurs fallu quelques instants pour individuer le sentier balisé qui monte au col des Eaux Froides tellement les pentes sont raides et l'itinéraire improbable.

Le toponyme Audannes dérive du vieux français "autan" (avec sonorisation de "[t]" en "[d]") et du latin "augustanus" et signifie "août". Il indique un alpage élevé où le bétail monte au mois d'août. Le nom est monté au col (à l'ouest) et au glacier (au nord), mais ce dernier est désormais appelé glacier du Wildhorn ou de Téné. J'ai eu néanmoins beaucoup de mal à m'imaginer des animaux trouver quelque chose à manger dans cette grande combe désertique.

La cabane en elle-même est petite, mais l'intérieur est agréable et chaleureux, tout comme l'accueil de la gardienne. Notre plan initial était de l'atteindre qu'en milieu d'après-midi et d'y passer une nuit, mais les importantes précipitations annoncées pour le jour suivant nous ont poussés à changer notre programme et faire la course sans nuitée. L'endroit est aussi parfait pour prendre la pause de midi.

Le Bisse des Audannes

Au nord-ouest de la cabane, nous avions remarqué ce qui semblait être un long muret en pierres. Nous avons demandé à la gardienne ce que c'était, mais elle n'a pas su nous répondre.

En effectuant des recherches après la course, j'ai découvert que ces vestiges appartiennent au bisse des Audannes, bâti entre 1859 et 1862 par la ville de Sion et la commune d'Ayent. Cette construction devait faire remonter les eaux de la Sionne, mais peu de temps avant son achèvement, la réalisation a dû être arrêtée. Je n'ai pas trouvé la raison, mais l'eau n'a jamais coulé.

D'autres ruines du bisse sont visibles dans la première partie de la descente en direction de Sérin. Le cours de ce bisse se confond avec le bisse de Sion, construit en 1901, à partir des Grillesses.

De la Cabane des Audannes aux Andins

La descente en direction de Sérin commence par une section relativement plate à travers des lapis. Le paysage, assez verdoyant, était très beau et paisible.

Un abondant kilomètre plus loin, les difficultés augmentent. Le chemin traverse des pentes escarpées. Une main courante sécurise les passages les plus aériens et exposés. Ce tronçon demande un pied sûr, ne pas être sujet aux vertiges et il est déconseillé par temps humide.

Dans les pentes abruptes du versant ouest de la Point d'Hérémance, j'ai repéré un sentier bien marqué. Il porte le nom de "chemin de la conduite" et il avait l'air tout aussi spectaculaire que vertigineux. En arrivant à la bifurcation indiquée sur la carte topographique (P. 2315), il n'y avait cependant aucune trace dudit chemin. En observant mieux, j'ai compris la raison: un long tronçon du sentier s'était complètement effondré et il n'était plus du praticable.

Nous avons poursuivi la descente par des zigzags dans la combe des Andins. Le chemin comporte encore plusieurs passages escarpés, mais moins exposés qu'auparavant.

La Métamorphose de la Combe des Andins

Le toponyme Andins dérive du français "andain", du patois "andan" et de l'ancien français "andain, andin" et signifie "enjambée". Dans le passé, c'était une mesure de largeur, une "étendue de pré qu'un faucheur peut faucher à chaque pas qu'il avance", puis une "rangée d'herbe fauchée sur toute la longueur du pré". En montagne, ces toponymes peuvent désigner des endroits fauchés plutôt que pâturés.

Le vallon des Andins n'est aujourd'hui qu'un gigantesque pierrier, mais à une époque la combe était verdoyante et comportait même un lac d'origine glaciaire, le Luchet. Qu'est-ce qui a changé la zone si radicalement?

Tout a commencé le 25 janvier 1946 à 18 h 32, quand la terre a tremblé en Valais. Il s'agit du séisme le plus fort que l'arc alpin a connu au XXe siècle. Sa magnitude a été estimée à 5,8 et son intensité a atteint des valeurs de VIII à l'épicentre, dans la région de Sion-Sierre.

Les secousses ont continué dans les mois suivants. Les plus importantes ont lieu le 26 janvier, le 4 février et le 30 mai. Cette dernière fut la réplique la plus forte avec une magnitude de 5,5 et elle a provoqué un éboulement majeur au Six des Eaux Froides. Une masse de 5 millions de mètres cubes s'est détachée de la montagne pour terminer dans la combe des Andins ainsi que sur les alpages de Serin et du Ravouéné (Ravoinet sur les anciennes cartes topographiques).

Cette énorme chute de pierres a détruit des chalets ainsi qu'une partie de la forêt et a enseveli le lac de Luchet. La poussière produite par l'éboulement est restée presque une semaine au-dessus de l'alpage de Serin.

Des Andins aux Rousses

Le sentier côtoie donc le résultat de cette catastrophe. Le parcours longe le sud du pierrier et évite habilement les blocs les plus imposants. De la végétation pousse timidement sur la rocaille, comme si elle voulait reprendre son ancienne place.

Vers le lieu-dit du Poédasson, l'environnement redevient plus hospitalier. Traverser une forêt de mélèze et gagner une route carrossable. La suivre sur une centaine de mètres, puis continuer à droite sur le chemin balisé. On rallie très vite une bifurcation de sentiers pédestres dans la partie supérieure de l'alpage de Serin.

La suite de la descente jusqu'aux Rousses se fait principalement sur une route carrossable.