Accès

Accès en voiture

Prendre l'autoroute A9 jusqu'à Aigle ou Bex, puis rejoindre La Barboleuse en passant par Ollon et Villars-sur-Ollon ou Gryon respectivement. Continuer en direction de Solalex et garer le véhicule sur l'un des parkings payants. Le prix est de 1 CHF par heure, avec un maximum de 7 CHF pour une durée de 24 heures.

Accès en transports publics

Solalex est accessible par des bus de la ligne Villars-sur-Ollon – La Barboleuse – Solalex.

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De Solalex au Col de la Poreyrette

Deux itinéraires mènent à la Conche, une cuvette située entre la Cabane Barraud et le Col des Essets. La première possibilité, classique, suit le sentier du Tour de l'Argentine et passe par Anziende. La deuxième variante, plus alpine et directe, grimpe depuis le Plan aux Agneaux à travers l'alpage de la Poreyrette. J'ai opté pour cette dernière en raison de son caractère plus alpin, mais également, car une partie du trajet offre de l'ombre.

Chaque fois que je retourne à Solalex, un toponyme qui signifie "sous la paroi", je suis toujours impressionné par le mélange de beauté et d'austérité du massif de l'Argentine qui domine le hameau. "Argentine" signifiant "qui brille comme de l'argent" ou "blanc éclatant". Le rocher arbore effectivement une couleur très claire et luisante, notamment le Miroir d'Argentine, une dalle lisse âgée de 100 millions d'années qui attire les amateurs et amatrices d'escalade.

Depuis le parking, emprunter la route carrossable se dirigeant vers le sud-ouest. Un beau panneau indique que l'on est à l'intérieur du district franc du Grand Muveran. Il résume, entre autres, les règles à respecter: les animaux sauvages ne doivent pas être dérangés, les chiens doivent être tenus en laisse, et le camping est interdit. En consultant la carte topographique, on remarque que la totalité de la randonnée se situe dans la zone protégée.

Tourner à gauche immédiatement après avoir traversé le pont qui franchit le torrent l'Avançon d'Anziende. Un large sentier non balisé s'élève en pente douce en sous-bois en suivant le cours d'eau.

Au Plan aux Agneaux, serpenter dans la clairière en direction est. Au cœur du pâturage, le chemin devient moins visible, mais on peut aisément deviner la suite du parcours. La sente redevient plus marquée dans la partie supérieure de l'alpage. Traverser une forêt éparse, puis franchir un cours d'eau.

La pente se redresse et le chemin monte en zigzag en sous-bois. Peu après, on retrouve le ciel ouvert, et on commence alors la traversée d'un pierrier. La sente se rétrécit, devenant aérienne et légèrement exposée. Le franchissement de quelques rochers nécessite l'utilisation des mains pour garder l'équilibre. Un pied sûr et l'absence de vertige sont indispensables pour cette section qui s'étend sur plusieurs centaines de mètres. Il est vivement déconseillé d'emprunter ce tronçon par temps humide, ou s'il est recouvert de neige ou de glace. Si cette partie vous semble difficile, il est préférable de faire demi-tour, car la suite du parcours comprend des portions encore plus techniques et exposées!

On débouche sur une zone pentue et particulièrement aérienne, où le sol est instable en raison de la roche friable. Le sentier, moins marqué, est jalonné de quelques traces de peinture délavée, contribuant à la progression. On termine cette section technique en gravissant un petit ressaut qui comporte un court passage d'escalade facile en I-II.

S'ensuit un secteur où l'année précédente, la végétation avait repris le dessus. Cette fois le chemin était dégagé, rendant la progression rapide et agréable. Plus tard, on marche sur une prairie en longeant le ruisseau. L'ascension se poursuit d'une pente douce jusqu'à environ 2000 mètres d'altitude. Un imposant bloc de pierre trône au milieu de l'alpage. Le contourner par la gauche et emprunter l'un des sentiers vers l'est, tracés par les allées et venues des vaches qui broutaient paisiblement.

En peu de temps, on atteint une large épaule au nord du col de la Poreyrette. La vue s'ouvre magnifiquement sur le versant sud du massif des Diablerets, dont les cimes étaient saupoudrées d'une fine couche de neige fraîchement tombée.

Du Col de la Poreyrette au Pas de la Cavagne

Continuer en direction du sud-est sans perdre trop d'altitude afin de rejoindre le chemin balisé qui relie Anziende au Col des Esset.

Traverser la Conche, un toponyme signifiant "cuvette, vallon, dépression", en prenant une direction sud-sud-est d'un faux plat. Rester sur le terrain herbeux jusqu'à avoir contourné les rochers, puis remonter en direction nord.

Des vaches pâturaient paisiblement sur ces collines. J'ai été d'autant plus surpris (et ravi) de voir une harde d'une vingtaine de chamois dans les pentes au pied de la Tête de Bellalué. Je me suis arrêté pour les observer et planifier la suite de mon itinéraire. Face à moi s'étendait un petit vallon, situé entre la Tête à Grosjean (à gauche) et la Tête de Bellalué (à droite), défendu par une imposante et impressionnante barre rocheuse: le Pas de la Cavagne. Sous cette paroi, on pouvait deviner une sente vaguement tracée serpentant à travers les éboulis.

Bien que je me fusse immobilisé depuis quelques minutes, les chamois ont décidé de traverser le pierrier pour rejoindre les parois abruptes de la Tête à Grosjean. Leur déplacement a confirmé mes suspicions: la rocaille était instable. Après le départ des animaux, j'ai continué en restant sur la droite du pierrier, puis j'ai atteint la sente repérée précédemment vers 2200 mètres d'altitude.

La suite du parcours s'est avérée assez ardue malgré la présence d'une vague sente: un pas en avant, deux en arrière. Quelques dizaines de mètres en contrebas du pied de la barre rocheuse, le chemin disparaît. Poursuivre sur la gauche, puis traverser la barre rocheuse de gauche à droite par une vire suffisamment large, bien qu'un peu exposée. Plusieurs petits cairns jalonnent le sentier jusqu'à la partie inférieure d'un passage équipé. Un câble métallique et une corde fixe sécurisent l'ascension d'une rampe assez raide d'environ 25 à 30 mètres de hauteur. Le passage est aussi équipé de plusieurs points d'ancrage (anneaux scellés) pour l'utilisation d'une corde, plus bénéfique pour la descente en rappel que pour la montée.

Le passage est certes légèrement exposé, mais l'équipement installé facilite grandement la progression dans la rampe.

Du Pas de la Cavagne à la Tête de Bellalué

Au-dessus de la barre rocheuse, un imposant cairn indique la continuation du trajet. Un sentier bien défini, ponctué de cairns et marqué de peinture orange, monte sur un terrain pierreux relativement stable en direction sud-sud-ouest. À gauche, la roche de la Tête à Grosjean révèle des motifs naturels splendides.

J'ai suivi le balisage jusqu'à un rétrécissement du vallon, situé vers 2470 mètres d'altitude. Selon le livre du Club Alpin Suisse, on peut facilement accéder à l'arête sud depuis la combe en empruntant une pente pierreuse. Cependant, cette option ne m'attirait guère, car le terrain semblait instable et le parcours laborieux.

À ma droite, j'ai remarqué une superbe dalle et à sa gauche, une fissure paraissait prometteuse et, selon la carte topographique, elle menait directement à proximité du sommet.

Sans hésiter, j'ai gravi les éboulis qui se sont avérés mouvants et pénibles, pour vite gagner le pied de la dalle. J'ai ensuite longé la base de la paroi rocheuse jusqu'à arriver au pied de la faille. Au final, j'ai progressé dans celle-ci, qui comportait quelques passages d'escalade très faciles (en I).

On rallie l'arête nord, entre le sommet et l'avant-sommet nord-est. J'ai d'abord rejoint ce dernier en empruntant l'arête légèrement aérienne et exposée. Cet endroit, marqué par un tas important de pierres, offre une vue à couper le souffle sur Anziende, surplombé par le massif des Diablerets. En arrière-plan, on distingue les Tours d'Aï, de Mayen et de Famelon. Vers le nord-est, s'ouvre un panorama magnifique sur l'Arête de l'Argentine et sa face sud.

À partir de l'antécime, il suffit de suivre l'arête en direction sud-est jusqu'à atteindre le sommet de la Tête à Bellalué, sans croix ni cairn. Cet oronyme dérive du bas latin "bella", qui signifie "belle", ou de la racine pré-indo-européenne "bal/bel/bau", signifiant "rocher, hauteur", associée à "Lué", qui veut dire "couloir herbeux raide".

De la Tête de Bellalué au Sommet Nord de la Tête de Tsernou (P. 2710)

Poursuivre le long de l'arête sud. Les divers ressauts peuvent être escaladés ou contournés, généralement du côté droit (versant ouest).

On remonte ensuite une pente avant tout terreuse pour rejoindre la crête nord-est de la Tête de Tsernou qu'on longe jusqu'au sommet Nord de la Tête de Tsernou (P. 2710), sans nom sur les cartes topographiques, où se dresse un imposant cairn. Cet endroit offre une vue exceptionnelle sur le vallon de La Derbonne et les montagnes qui le dominent, notamment le Haut de Cry, le Mont à Perron et le Mont à Cavouère.

Lors de la préparation de l'excursion, j'avais envisagé d'atteindre la Tête de Tsernou, mais les informations disponibles étaient peu nombreuses, se limitant à quelques mentions dans le livre du CAS. Ce dernier indiquait que le sommet est "rarement gravi" et que des "dalles faciles conduisent au sommet" depuis le col "peu pratique". Le passage en question, sans nom ni altitude sur les cartes topographiques, est situé entre P. 2710 et le sommet.

Dès mon arrivée au cairn, j'ai compris pourquoi il est peu fréquenté: une arête, effilée et parsemée de petites pointes difficiles à contourner, sépare le sommet nord du sommet principal. La traversée exige clairement du matériel d'escalade, d'autant plus que les "dalles faciles" semblaient assez pentues et exposées. Il ne m'a fallu qu'une fraction de seconde pour décider que j'avais atteint le point culminant de ma randonnée.

Du Sommet Nord de la Tête de Tsernou (P. 2710) au Col des Brotsets

Après être retourné sur mes pas, j'ai continué le long de l'arête nord-est, légèrement en contrebas. Durant la descente, j'ai fait plusieurs pauses pour observer méticuleusement le trajet entre le Col des Brotsets et le Col Pegnat. Cette traversée comportait des pentes d'éboulis, mais j'étais maintenant habitué à ce type de terrain. Ce qui retenait le plus mon attention était la forte déclivité sous le Col Pegnat…

En contournant les rares difficultés par la gauche, j'ai rejoint le cairn érigé sur le vaste Col des Brotsets. Ce toponyme dérive du vieux français "broc", qui signifie "éperon rocheux, crête de montagne" et du latin "brocc (h) us", qui veut dire "pointu, saillant, proéminent". Il trouve également des racines dans l'allemand "Bruch", traduit par "cassure, crevasse, éboulis". Le nom a évolué au fil du temps, de Bratset (avant 1980) à puis Brotset. La "s" en suffixe n'est apparue que dans les versions récentes des cartes topographiques.

Du Col des Brotsets au Col Pegnat

J'ai entrepris la traversée à flanc de coteau afin de minimiser la perte d'altitude. Comme je m'y attendais, elle était assez pénible. Les éboulis étaient instables, et j'étais content d'avoir des bâtons qui m'ont bien aidé à maintenir mon équilibre. Si des animaux sauvages se trouvaient dans la zone, ils ont sûrement été alertés par les chutes de pierres que j'ai provoquées…

Après une courte descente initiale, j'ai progressé en restant légèrement en dessous de 2500 mètres d'altitude jusqu'à atteindre le pied d'une proéminence rocheuse, ressemblant à une énorme nageoire. Je l'ai contournée par la droite, puis j'ai rejoint un autre bloc rocheux isolé que j'ai aussi évité du côté droit.

Le Col Pegnat est apparu quelques dizaines de mètres plus haut. La pente en contrebas du col était encore plus raide et inhospitalière de ce que j'avais imaginé. Par conséquent, j'ai choisi de monter en restant le plus à gauche possible, jusqu'au pied d'un piton rocheux à deux pointes. Une trace vague m'a ensuite mené assez facilement jusqu'au col, qui offre une vue magnifique sur le "côté caché" du Haut de Cry. En effet, c'est généralement sa face sud qui est admirée depuis la vallée du Rhône.

Le Col Pegnat est entouré d'étranges formations rocheuses. L'origine du nom n'est pas très claire. Il ne semble pas être un patronyme, mais pourrait dériver de l'ancien français "pigne", signifiant "pin" et du latin "pineta", qui signifie "pinède". L'appellation serait montée, mais je ne sais pas depuis où…

Du Col Pegnat aux Filasses par Les Tiépettes

La combe entre la Tête à Grosjean et la Tête à Pegnat était, sans grande surprise, un vaste champ de cailloux à perte de vue. Pour y accéder, il faut franchir des pentes abruptes formant de gigantesques marches. Heureusement, une rampe relie les deux marches inférieures (celles qui me concernaient). L'itinéraire à suivre est évident: emprunter la large vire sur quelques dizaines de mètres, utiliser la rampe pour rejoindre la terrasse inférieure, puis la descendre jusqu'à son extrémité. Un court passage sur des éboulis raides et instables, on atteint le fond de la combe. Je me suis dit que monter cet itinéraire aurait été bien moins plaisant…

Ce versant offre aussi son lot d'étranges formations rocheuses, notamment deux "couloirs" qui m'ont fait penser à des toboggans tirés de la série télévisée de La Famille Pierrafeu. J'ai ensuite dévalé le vallon rocailleux en longeant le fond et en profitant des derniers névés pour glisser.

Le terrain devient progressivement herbeux et agréable en approchant du lieu-dit des Tiépettes. Vers 2250 mètres d'altitude, alors que je cherchais un passage vers l'est comme l'indiquaient quelques rares informations trouvées durant la préparation de la course, j'ai été surpris par la présence de deux chamois: une chèvre et son cabri. Tout aussi stupéfaits que moi, ils se sont rapidement éclipsés sur des pentes herbeuses inaccessibles pour moi.

J'ai continué à inspecter la zone à la recherche d'un passage vers l'est, mais je n'ai rien découvert d'évident ni de cairns. J'ai donc décidé de poursuivre ma descente au fond dans le vallon, où la progression restait confortable.

Quelques centaines de mètres plus loin, j'ai repéré une vieille corde attachée à un gros bloc. Sans même avoir le temps de me demander à quoi elle servait, la pente herbeuse à ma droite est devenue presque verticale. Le lieu-dit des Filasses, que je cherchais à atteindre, était une cinquantaine de mètres en contrebas. Et moi qui pensais que les difficultés étaient derrière moi…

La corde, désuète, était malheureusement coupée. En examinant le talus, j'ai repéré plusieurs points d'ancrage (anneaux scellés) et le deuxième morceau de la corde qui traînait quelques mètres plus bas. N'ayant pas trouvé de meilleure solution, j'ai raccordé les deux bouts de corde pour m'en servir en cas de besoin.

Le terrain était plutôt sec, et dans la partie supérieure du passage, il offrait de bonnes marches naturelles pour les pieds. J'ai pu descendre de manière autonome sur environ dix mètres. Par la suite, la pente s'accentuait, et il fallait aussi désescalader un surplomb mi-herbeux, mi-rocheux de deux à trois mètres de haut.

Je n'avais qu'une confiance limitée dans la vieille corde et j'ai préféré avancer en me tenant aux touffes d'herbe et aux rochers. Au pied du ressaut, j'ai découvert une autre corde en mauvais était.

La pente herbeuse s'adoucit ensuite, et l'on gagne une dernière partie rocheuse nécessitant l'utilisation des mains, mais qui, par temps sec, ne pose pas de difficultés majeures.

J'ai poussé un grand soupir de soulagement en atteignant le pierrier au lieu-dit des Filasses. Ce toponyme dérive d'un patois "fila", qui signifie "cascade le long d'un chenal amenant les eaux en aval". Je suppose que le nom est dû au cours d'eau descendant dans la Conche, bien que je n'aie pas remarqué de cascade…

Vue depuis le pierrier, la section semble encore plus technique et compliquée qu'il ne l'est en réalité. Tant que la corde fixe ne sera pas renouvelée par une bonne âme, je recommande d'emporter une corde de 20 à 30 mètres pour sécuriser cette descente escarpée, à laquelle je ne m'attendais pas du tout.

Avant de reprendre la route, j'ai tenté d'identifier le passage vers 2250 mètres d'altitude, mais de nouveau, je n'ai rien observé d'évident…

Des Filasses à Solalex par Anzeinde

Traverser le pierrier en direction nord-ouest, puis suivre la large épaule jusqu'à la Tête des Filasses, un sommet facile offrant un beau point de vue sur les alentours. J'espérais profiter d'un panorama sur Derborence et son charmant lac, mais malheureusement, les reliefs montagneux en bloquaient la vue.

Poursuivre en direction nord à travers les Hauts Crots, puis se diriger vers nord-ouest via Bas Crots. Le terrain devient plus vallonné, la difficulté principale étant de repérer l'itinéraire le plus direct et avec le moins de dénivelés. De l'autre côté du vallon, le sentier reliant Anziende au Pas de Cheville était fréquenté par plusieurs groupes de randonneurs et de randonneuses.

J'ai emprunté une large piste qui m'a mené à Anziende. Pour revenir à Solalex, j'ai suivi le chemin pédestre, alternant entre route carrossable et sentier.