Accès

Accès en voiture

Prendre l'autoroute A9 jusqu'à la sortie Villenevue. Suivre la direction Aigle jusqu'à rejoindre Roche. Plusieurs places de stationnement sont disponibles dans le village. Les plus proches du point de départ se situent à la rue de la Bâtie. On en trouve d'autres à la rue des Salines.

Accès en transports publics

Roche VD est régulièrement desservi par des trains régionaux sur la ligne Lausanne – Aigle. Veuillez consulter l'horaire en ligne des CFF pour trouver la meilleure correspondance.

De Roche aux Barmettes par les 937 marches

J'ai démarré la randonnée à la gare de Roche. Il ne faut pas chercher très loin l'origine du nom du village: entre le XVIe et le XXe siècle, les marbres de Roche ont été exportés dans toute la Suisse (et même à l'étranger). De plus, dès 1896, le calcaire fut exploité pour fabriquer du ciment, utilisé en particulier à la construction des barrages en Valais. Le gouffre laissé dans la montagne par ces exploitations est impressionnant et impossible à manquer depuis la plaine du Rhône.

Longer rue de la Gare et traverser la bourgade en pistant les losanges jaunes. Au premier croisement de panneaux du tourisme pédestre, poursuivre en direction du Creux (Les Agites). Au poteau indicateur suivant, moins d'une centaine de mètres plus loin, continuer vers Joux-Verte et Malatraix.

Gagner rue de la Bâtie, franchir l'Eau Froide par le pont et remonter la ruelle asphaltée qui passe entre quelques maisons. Un sentier pénètre dans la forêt. On se retrouve très vite face à un panneau de danger de chute de pierres. Emprunter le chemin de droite (pas balisé).

En un rien de temps, on arrive au pied de la carrière de Roche. Une ancienne route poursuit en direction sud. Après quelques centaines de mètres, laisser la piste à gauche (qui se termine dans un cul-de-sac) et continuer tout droit sur l'herbe. On retrouve un sentier qui traverse la forêt touffue et mène à l'entrée d'un tunnel. Ce dernier n'est pas très long et ne nécessite pas de lampe frontale. Il faut néanmoins prêter attention où on pose les pieds pour éviter les trous, les gros cailloux et tout autre matériel qui traine au sol.

On atteint une petite clairière et, à première vue, on a l'impression d'être dans une impasse. Cependant, au pied de la paroi rocheuse recouverte par un grillage métallique (pour retenir les pierres qui tombent), derrière une lignée d'arbustes, l'on trouve le début d'une interminable série de marches en ciment.

Bien que la végétation ait repris le dessus, l'escalier était relativement bien dégagé, mais il est tellement long qu'on ne voit pas la fin. Avant la randonnée, je connaissais juste l'existence de cet escalier sans fin, mais pas la raison pour laquelle il avait été construit. La flore est devenue moins abondante et, à côté du parcours, on peut observer les fondations d'un funiculaire.

J'ai découvert par la suite qu'un projet eut prévu l'aménagement d'une route pour relier le village de Roche à la partie supérieure des falaises de Barmettes, mais qu'il fut abandonné au milieu des années 1960. Un puissant funiculaire fut construit à la place. La remontée mécanique a fonctionné pendant une trentaine d'années et elle transportait les ouvriers dans les hauteurs de la carrière. Elle a été démantelée après la fermeture du chantier en 1999.

Au milieu de la végétation, sans voir la fin de l'escalier, ce n'est pas facile d'avoir des repères. Heureusement, sur certaines marches, un numéro est peint en rouge. De plus, on retrouve aussi des petits messages d'encouragement écrits par la même main.

La station supérieure du funiculaire culminait à 815 mètres, mais la dernière marche, la 937ème, se situe vers 700 mètres d'altitude. Une sente longe ensuite les fondations sur plusieurs dizaines de mètres, puis part à droite (direction est) et rejoint le chemin pédestre. Quant aux vestiges, elles sont avalées par la végétation.

Le sentier remonte d'une pente bien plus douce et agréable que l'escalier. Une fine pluie, initialement prévue qu'en milieu d'après-midi, tombait déjà, mais la forêt me protégeait amplement. À cause des abondantes précipitations des semaines avant ma randonnée, la flore rayonnait de ses plus riches couleurs.

Vers 800 mètres d'altitude, un panneau met en garde les marcheurs et marcheuses du danger de chutes de pierre et de la présence de falaises.

Le sentier passe à proximité de l'ancienne station supérieure du funiculaire, dont il n'existe plus aucune trace (en tout cas, je n'ai rien remarqué en passant…).

Des Barmettes à Plan Girard

Une ouverture dans la forêt et offre une vue sur la carrière. Elle est déjà très impressionnante depuis la plaine du Rhône, mais elle l'est encore plus quand on se retrouve en haut, à quelques dizaines de mètres des falaises. Le paysage est exceptionnel, mais malheureusement pour moi, le panorama sur le lac Léman, le Grammont et les Cornettes de Bises était partiellement bouché par les nuages.

Le sentier pénètre de nouveau dans la forêt, contourne le gouffre par les hauts. Étant donné que le parcours est en sous-bois sans vraiment d'ouvertures, on ne se rend pas vraiment compte du danger qui guette à proximité.

J'ai été surpris par un rayon de soleil qui s'est insinué dans le feuillage et m'a offert de magnifiques jeux de lumière.

Le sentier gagne les 4 Mélèzes (P. 1078, sans nom sur les cartes topographiques), un croisement de chemins pédestres. Poursuivre l'ascension en direction des Agites.

Quelques orchidées agrémentaient les couleurs vert vif de la forêt. L'éclaircie qui avait créé de beaux contrastes éclatants a, à mon plus grand regret, été de très courte durée. Le brouillard s'était formé et cela donnait des aires de film d'horreur.

De Plan Girard aux Agittes

On parvient à un nouveau croisement de sentiers pédestres à Plan Girard. Un panneau d'interdiction d'accès pour cause de coupe de bois barrait le chemin en direction du Creux. Aucune fermeture n'était pourtant indiquée sur Swisstopo le jour avant, quand j'ai préparé l'itinéraire. En écrivant ce texte après ma randonnée, j'ai remarqué qu'une annonce de travaux forestiers a été publiée sur ledit site web par la suite. Elle concernait les sentiers à l'est de Plan Girard, du 16 mai 2023 au 25 juin 2023. La coupe de bois avait assurément démarré avant la date planifiée.

Les bûcherons ne mouillent pas leurs chemises le week-end. J'ai donc décidé de passer outre le panneau, en sachant que probablement des obstacles auraient pu bloquer le parcours. Des conifères étaient effectivement couchés sur le chemin au Creux, mais j'ai pu franchir les troncs sans difficulté particulière.

J'ai laissé le sentier pédestre à gauche, j'ai traversé une petite clairière et j'ai poursuivi en forêt en longeant le Coperé, un ruisseau qui prend ses sources aux Agittes. Plus haut, d'autres arbres étaient de nouveau amassés sur le parcours. Pour le coup, j'ai dû contourner le carnage par la droite. J'ai ainsi gagné la partie basse de l'alpage des Agittes (aussi écrit Agites). Le nom dérive du patois "agita" qui signifie "pâturage inférieur de printemps et d'automne".

Des Agittes à l'Alpage des Nombrieux

Le premier sommet que j'avais prévu de gravir, le Sex de la Sarse, était partiellement masqué par des nuages. Le Sex des Nombrieux, en arrière-plan, jouait aussi à cache-cache. Le toponyme sex (prononcé sé), dérive du latin "saxum" et signifie "roche, rocher, roc". Il indique un rocher ou une pierre isolée. Il n'y a donc aucun lien avec l'érotisme et la sexualité.

J'ai traversé la prairie en direction sud-est et remonté les pentes herbeuses jusqu'à rejoindre la route asphaltée (pas de chemin).

Selon des informations que j'avais trouvées sur Internet, on doit pouvoir atteindre le sommet du Sex de la Sarse par la face nord. La végétation était cependant très touffue, et je n'ai pas réussi à repérer d'itinéraire qui ne nécessite pas une machette ou une tronçonneuse. J'avoue que je n'ai pas non plus cherché beaucoup et j'ai continué l'ascension en longeant (plus ou moins) la lisière de l'étendue boisée. J'ai rejoint un chemin pédestre vers 1590 mètres d'altitude que j'ai suivi en direction sud jusqu'au bord de la forêt.

En guignant en direction sud-ouest, la crête en direction du Sex de la Sarse avait l'air praticable. J'ai néanmoins décidé d'abandonner l'ascension de ce premier sommet. J'ai voulu récupérer le sentier, noté sur les cartes topographiques, qui contourne d'un faux plat les versants ouest et sud du Sex des Nombrieux. Sur place, je n'ai pas repéré le départ de ce chemin. J'ai donc remonté en direction nord-est en lisière de forêt. J'ai très vite retrouvé d'anciennes traces de balisage blanc-rouge-blanc.

Vers 1620 mètres d'altitude, le chemin, désormais bien marqué, passe en sous-bois. Un brouillard très épais s'était formé et la visibilité ne dépassait pas quelques dizaines de mètres.

Environ 150 mètres plus loin, j'ai gagné le pied d'un couloir et un semblant de sente paraissait monter là-dedans. Je me suis souvenu qu'à une époque un vieux parcours, tracé sur les anciennes cartes topographiques, rejoignait le sommet du Sex des Nombrieux par ce couloir. L'ascension de cette cime est un projet qui est resté longtemps dans mon tiroir à idées. Je me suis rappelé avoir eu lu un topo qui décrivait l'itinéraire devant moi comme raide et délicat. Le brouillard était si épais que j'avais une visibilité à moins d'une trentaine de mètres. La pente, un amas de graille instable, était effectivement escarpée. J'ai aperçu, à travers la purée de pois, une paroi rocheuse dans la partie supérieure du couloir, mais je n'ai pas réussi à voir si ça passait ou pas. J'ai donc décidé de laisser tomber cet itinéraire et de continuer à suivre le sentier dans une ambiance de film fantastique, jusqu'à arriver dans les hauts de l'alpage des Nombrieux.

On passe à côté d'un petit refuge en bois, puis le chemin descend jusqu'à environ 1600 mètres d'altitude et traverse une ceinture de forêt.

De l'Alpage des Nombrieux au Sex des Nombrieux

Le sentier, à la sortie de la forêt, entame une raide descente en direction de Luan. C'était pour moi le moment d'abandonner le chemin pédestre pour commencer l'aventure. J'ai gravi la forte pente herbeuse en gardant la direction nord jusqu'à atteindre le pied d'une barre rocheuse. Une sente bien marquée longe la paroi et la contourne élégamment.

J'ai découvert un cairn et j'ai supposé que d'autres repères auraient indiqué l'itinéraire pour le sommet, mais j'ai aussitôt déchanté. J'ai en effet suivi la trace la plus apparente, mais je l'ai très vite perdue en franchissant un pierrier. La visibilité était toujours moindre et j'ai dû continuer à la boussole, en gardant le cap au nord.

Un peu plus haut, j'ai retrouvé de nouveau une sente qui m'a mené au pied d'un couloir particulièrement raide. Le terrain était en relativement bon état (très peu gras, voire sec) malgré les récentes précipitations, mais ce court passage sur du rocher humide je ne le sentais pas. J'ai préféré l'éviter par la droite, où c'était moins exposé.

J'aurais voulu maintenir le cap nord-ouest, mais pour contourner de vieux arbres couchés sur la pente herbeuse j'ai obliqué vers l'ouest et j'ai continué ainsi jusqu'à rejoindre l'arête sud du Sex des Nombrieux, assez effilée et aérienne. La suivre en esquivant les difficultés tantôt par la gauche, tantôt par la droite. Un semblant de sente témoignait que je n'étais pas le premier vagabond à emprunter cet itinéraire.

À quelques dizaines de mètres du sommet, j'ai été obligé de quitter le fil de l'arête qui devient trop technique et recouverte de végétation. J'ai récupéré le couloir herbeux (quelques pas à la descente demandent l'utilisation des mains, principalement pour l'équilibre) et remonté celui-ci jusqu'à rejoindre la crête nord-ouest.

Le point culminant du Sex des Nombrieux, sans croix ni cairn, n'est plus qu'à quelques enjambées à gauche (direction est).

Le toponyme Nombrieux dérive probablement de "En Ombrieux" par agglutination. Il signifie "à l'ombre, sur l'envers de la montagne", du latin "umbra", "ombre, lieu ombragé, lieu sombre". Le nom, donné d'abord à l'alpage, est monté ensuite au sommet.

L'endroit offre, par beau temps, une splendide vue sur le lac Léman, le Grammont et les Dents du Midi. Lors de ma visite, j'ai dû me contenter d'un panorama réduit sur les Agittes et les Cases. La cime est excellente pour prendre une pause, mais la météo capricieuse a dicté autrement. J'ai en effet juste eu le temps d'immortaliser le moment avec mon appareil photo avant qu'il ne commence à pleuvoir assez fort.

Du Sex des Nombrieux au Sex des Paccots

J'ai suivi la sente relativement bien marquée qui longe l'arête nord-est du Sex des Nombrieux. La nature, très sauvage, avait repris le dessus. Arbustes et branches envahissent le chemin de crête à plusieurs endroits. Cela rend certains passages encore plus pénibles et exposés. De plus, ce n'est pas non plus toujours évident de trouver l'itinéraire correct. Une trace existe sur une bonne partie du parcours, mais on peut la perdre en un clin d'œil ou emprunter une piste sans issue. Un solide sens de l'orientation est donc requis non seulement à la montée du Sex des Nombrieux, mais aussi à la descente.

Deux passages méritent d'être mentionnés. Le premier est une brève traversée où j'ai dû poser les pieds sur des plantes et m'accrocher aux branches des conifères. Le deuxième est la descente d'une petite cheminée rocheuse. Il y a de bonnes marches naturelles pour les chaussures, mais l'utilisation des mains et quelque peu nécessaire pour l'équilibre. Je n'ai malheureusement pas pris de photos de ces passages (j'ai préféré laisser mon appareil au sec).

La dernière partie de la crête, qui mène au pied du Sex des Paccots, est plus agréable. La pluie avait arrêté de tomber, j'ai donc décidé de gravir ce deuxième sommet. Remonter l'épaule, puis traverser la ceinture de forêt et gagner le pied d'un couloir mi-herbeux, mi-rocheux. Le point culminant du Sex des Paccots est juste après la sortie de ce passage.

Un léger vent déplaçait continuellement le brouillard, et le panorama était très changeant. Par moments, j'avais une belle perspective sur le Sex de Nombrieux et son arête nord-est et quelques instants plus tard je ne voyais plus rien…

Du Sex des Paccots à En Tompey

La descente du couloir, relativement glissant et gras, a demandé plus d'attention que l'ascension.

La prochaine étape était le hameau d'En Tompey. Un sentier balisé relie les fermes d'alpage au col qui porte le même nom. J'aurais pu descendre jusqu'à 1700 mètres d'altitude environ, puis traverser les pentes herbeuses et rallier ce chemin. Le gros nuage noir qui s'approchait rapidement depuis l'est m'a cependant fait opter pour une baisse d'élévation plus directe. J'ai dévalé dans la prairie en direction nord-est puis, vers 1620 mètres d'altitude, j'ai mis le cap au nord-ouest afin de rejoindre la route carrossable.

D'En Tompey à Plan d'en Bas par les Cases et le Grand Chalet

J'ai longé le chemin carrossable jusqu'à rejoindre une route asphaltée (P. 1528). J'ai suivi celle-ci en direction des Agittes.

Le nuage noir m'avait entre-temps rattrapé, mais heureusement les précipitations ont été de courte durée.

Environ un kilomètre km plus loin, au croisement de sentiers pédestres (P. 1537), j'ai laissé la route asphaltée à gauche et poursuivi sur un chemin carrossable en direction de la Veillarde. Mon plan initial était de rejoindre la Tête Ronde en passant par Plan Girard, mais à côté du poteau indicateur était installé un panneau annonçant le départ du sentier didactique de la Joux-Verte. Le sous-titre "ce sentier vous permettra de découvrir les vestiges d'un barrage-écluse depuis une magnifique passerelle" a fait mouche.

Environ 700 mètres plus loin, à P. 1460, j'ai donc bifurqué à droite en direction de Plan d'en Bas. Je n'ai pas repéré le "Sapin remarquable" vendu sur le panneau susmentionné, mais, sur le moment, je ne m'en suis pas aperçu. J'ai été captivé et émerveillé par les gradations de vert vif de la végétation.

Le parcours était très agréable, malgré quelques courts passages gras. Deux "passerelles en bois brut" (plus difficiles à manquer) aident à franchir aisément les cours d'eau.

En arrivant dans une clairière à proximité de l'alpage du Plan d'en Bas, le sentier devient moins marqué. J'étais concentré à essayer de repérer des traces de balisages et ce n'est qu'au dernier moment que j'ai relevé la présence de deux chamois. Ils ont visiblement été encore plus surpris que moi, car ils n'ont pas trainé pour aller se cacher dans la forêt.

De Plan d'en Bas à l'Écluse de la Joux-Verte

Poursuivre en direction de la Joux-Verte. Le temps était très changeant: à un instant, il pleuvait et un moment plus tard, des rayons de soleil perçaient les nuages, faisant de très beaux jeux de lumière.

Le barrage-écluse de la Joux-Verte (P. 1299, sans nom sur les cartes topographiques) fut construit à la fin du 17ème siècle et ce fut l'un des premiers barrages-voûtes du monde. Il n'a cependant jamais servi de retenue hydroélectrique. Il contenait l'eau destinée à précipiter des troncs dans les gorges de l'Eau Froide qui étaient ensuite récupérés dans un bassin de réception (900 m plus bas) à Roche. Le bois était employé sur place comme combustible pour l'évaporation de la saumure extraite des mines de sel. Le flottage de bois sur l'Eau Froide fut utilisé pour deux siècles (jusqu'à 1896). Il fut par la suite abandonné et sa portion centrale s'est effondrée en 1945. Il a finalement été partiellement restauré en 1983.

Une magnifique passerelle permet de franchir la rivière et d'admirer les vestiges de l'ancien barrage sous plusieurs angles.

De l'Écluse de la Joux Verte à Tête Ronde

Une route asphaltée mène jusqu'aux chalets de la Joux-Verte (P. 1284, sans nom sur les cartes topographiques). La douce descente se poursuit dans la forêt, en longeant l'Eau Froide en hauteur.

Le paysage est tout autant sauvage que splendide. Je n'ai cependant pas pu pleinement profiter de cette magnificence, car il pleuvait des cordes (les précipitations prévues en milieu d'après-midi étaient arrivées à l'heure…). J'ai donc marché en évitant tout arrêt superflu et en contournant au mieux les flaques d'eau qui s'étaient formées sur le sentier. J'ai néanmoins observé, de temps à autre, les impressionnantes gorges en contrebas du chemin. J'ai eu de la peine à m'imaginer que des troncs étaient descendus dans cette étroitesse…

La rivière forme une magnifique cascade juste avant la Belle Place. Une des deux cabanes dans la clairière abrite, semble-t-il, une roue de guidage du câble du téléphérique qui a fonctionné du début du XXe siècle à 1964 et qui était utilisé pour transporter des troncs d'arbres en plaine. D'autres vestiges sont apparemment visibles dans la forêt.

La pluie continuait à tomber, j'ai donc poursuivi la descente sans guigner dans les baraques ni chercher les installations rouillées.

La suite du chemin comporte encore quelques jolies surprises, dont une charmante passerelle autoporteuse en mélèze construite en 2008 pour remplacer le tronçon de sentier effondré.

La végétation change aussi. La forêt n'est plus composée exclusivement de conifères. Hêtres, chênes, tilleuls et érables deviennent de plus en plus communs.

J'ai atteint la cabane forestière de la Tête Ronde sans difficulté particulière. Le refuge, dans un état délabré, est normalement ouvert au public, mais il était entouré d'une étendue touffue de pétasites. Il n'y avait pas d'accès évident à l'abri et je n'avais aucune intention de mouiller encore plus mes pantalons.

De Tête Ronde à Roche

Le chemin continue l'agréable descente en sous-bois puis, environ 500 mètres plus loin, vers Crêt de Pra Derrey, la pente s'accentue considérablement.

La pluie avait soudainement arrêté de tomber et un instant plus tard j'ai été surpris par une belle éclaircie avec du soleil. Pour épargner un brin mes genoux, j'ai poursuivi d'un très léger pas de course.

Dans cette partie, le sentier s'est bien éloigné du cours d'eau et il n'y a pas grand-chose d'intéressant à observer. On traverse de nouveau l'Eau Froide au Pont d'Egras (P. 816). La rivière a creusé de profondes gorges verticales, dans lesquelles on pratique du canyoning, et forme à cet endroit des séries de superbes cascades et gouilles.

Quelques ouvertures dans la forêt sur la plaine du Rhône confirment qu'on perd rapidement de la hauteur. Vers 650 mètres d'altitude, après un énième virage en épingle, on arrive dans la partie supérieure de la carrière. Quelques points de vue spectaculaires permettent de l'admirer sous d'autres angles (et de reprendre le souffle).

J'avais les jambes de plus en plus lourdes, mais les bruits de la civilisation augmentaient progressivement. J'avançais en mode automatique et, sans vraiment m'en rendre compte, je me suis retrouvé face au même panneau de danger de chute de pierres croisé à la montée. La boucle était bouclée et les premières maisons de Roche n'étaient plus qu'à quelques pas, tout comme le point de départ.