Accès
Accès en voiture
Prendre l'autoroute A9 jusqu'à la sortie Sion-Est. Continuer en direction de Savièse, puis suivre les panneaux bruns indiquant Bisse de Savièse/Torrent-Neuf jusqu'à atteindre le parking de Binii.
Accès en transports publics
Depuis la gare CFF de Sion, prendre le car postal à destination d'Anzère. Descendre à l'arrêt "Savièse, St-Germain". De là, emprunter un second car postal à destination de "Savièse, Mayens-de-la-Zour" et descendre à l'arrêt "Savièse, Binii". Le parking susmentionné se situe à seulement 100 mètres de distance.
Pour trouver la meilleure correspondance, consulter l'horaire en ligne des CFF.
Visite des Étangs de Motone de Binii
La randonnée débute par une pause rafraîchissante à la fontaine située à l'est du parking de Binii, à côté d'une petite aire de jeux pour enfants. De là, un sentier peu marqué, non répertorié sur les cartes topographiques, s'élève dans la prairie bordant la minuscule forêt. Lorsque l'herbe est haute, merci de respecter le travail des agriculteurs en restant sur le chemin!
Le sentier fait ensuite un large virage à droite avant de rejoindre une piste que l'on suit jusqu'à l'étang de Motone (ou Montone). En ce matin paisible, une seule personne promenant son chien partageait ce havre de paix. J'ai profité de la beauté du lieu en solitaire quelques instants, observant le paysage se refléter sur la surface de l'eau immobile d'une couleur bleu-verdâtre. Un contraste saisissant avec ma dernière visite, où un groupe festif et sa musique tonitruante avaient troublé la quiétude des lieux.
Un chemin longe la rive occidentale de l'étang, puis continue sur la gauche en lisière de forêt jusqu'à la Route des Étangs, une route asphaltée. Tourner à droite pour rejoindre l'étang nommé Binii sur les cartes topographiques ou étang du Sylandan sur les panneaux sur place. Quelques pêcheurs s'adonnaient tranquillement à leur passion, dispersés le long des rives de l'étang. Leurs lignes silencieuses glissaient dans l'eau, créant de légères ondulations qui se perdaient aussitôt. Leur présence n'altérait en rien la quiétude des lieux, au contraire, elle semblait ajouter à l'ambiance sereine de ce cadre naturel. Comme auparavant, la surface de l'eau, d'un bleu-vert profond, reflétait parfaitement la végétation et les montagnes en arrière-plan. Le murmure de l'eau ruisselante conférait à l'endroit une atmosphère paisible.
De l'Étang de Binii à Pragier
Contourner l'étang par la gauche jusqu'à gagner un endroit aménagé pour le pique-nique. Le bruit assourdissant de deux chutes d'eau provenait de la forêt. L'eau du Bisse du Déjour et celle d'un défluent du Bisse du Torrent Neuf formaient deux cascades distinctes qui se rejoignaient juste avant de devenir tributaires de l'étang de Binii.
Dans la forêt, à la hauteur des deux bisses, poursuivre sur un chemin bien marqué, mais pas indiqué sur les cartes topographiques. La douce ascension en sous-bois était très agréable et l'absence d'autres promeneurs et promeneuses rendait la progression extrêmement calme et paisible. Le soleil qui perçait à travers la végétation créait de jolis jeux de lumière.
Traverser le Bisse du Torrent Neuf (P. 1132), puis continuer la douce ascension jusqu'au hameau de Prafirmin. Après avoir marché un court instant sur une route asphaltée en lisière de forêt, poursuivre l'ascension sur un large chemin en sous-bois jusqu'au groupement de maisons de Pragier Dessous. Continuer à gauche et par un large virage à droite en forêt, gagner la Route Forestière près de P. 1357.
Poursuivre sur la route asphaltée jusqu'à Pragier. Durant ma traversée du hameau, j'ai jeté plusieurs coups d'œil sur ma gauche, espérant apercevoir la crête sud-ouest qui mène au Prabé, mais elle était malheureusement complètement masquée par les nuages.
De Pragier à Barloé (P. 1643)
Rejoindre la Route de Pragier Dessus, puis emprunter un chemin carrossable qui part à gauche et pénètre dans la forêt. Moins d'une centaine de mètres plus loin, bifurquer à droite sur un sentier qui est, au départ, assez discret.
Quelques centaines de mètres plus loin, on traverse le chemin balisé en direction de Résina, sur la voie normale du Prabé. Poursuivre tout droit sur un sentier qui est de nouveau, au début, peu marqué.
La végétation vers la Pétouse devient plus éparse. Le toponyme de ce lieu-dit dérive du patois "petou" qui signifie "sale, infect, mauvais, puant". Malgré ce nom peu flatteur, l'endroit était très beau et par endroits j'ai pu profiter de jolis panoramas sur la vallée du Rhône et les Alpes.
Vers 1500 mètres d'altitude, au lieu-dit de la Loué, le terrain a changé. Ce toponyme dérive du patois "loé, lui" qui signifie "forte pente herbeuse" et indique des couloirs herbeux raides. Effectivement, le sentier franchissait plusieurs couloirs qui étaient certes raides, mais composés de caillasse. Des panneaux artisanaux mettaient d'ailleurs en garde contre de possibles chutes de pierres.
Par endroits, des cairns et des traces de peinture complètement délavée de couleur rouge ou jaune étaient présents. Cela dit, le sentier, toujours bien marqué, ne laissait aucun doute quant à la direction à suivre.
Le parcours alternait entre des sections en forêt et la traversée de couloirs escarpés. À un moment donné, alors que j'étais en sous-bois, mon attention a été attirée par un large panneau en bois accroché à deux troncs d'arbres. Étant en contrejour, j'ai dû m'approcher avant de pouvoir lire l'écriteau: "Courage! Vous êtes à l'entrée du Paradis". Après avoir passé ce message énigmatique, on arrive sur une butte qui offre un superbe panorama. Je ne sais pas si c'est ça le paradis, mais c'était en tout cas très beau!
La Remointze de Barloé/Proz Limbo
Une traversée à flanc de coteau et un court segment en forêt mènent ensuite à la "Remointze de Barloé", à proximité de P. 1643. La remointze est un chalet d'alpage occupé temporairement lors du remuage, c'est-à-dire le déplacement des vaches d'un alpage à un autre en fonction de la pousse des herbages. Je n'ai en revanche pas réussi à déterminer la signification de Barloé (peut-être un patronyme?).
Un panneau accroché au mur extérieur de la cabane indiquait qu'elle est privée et qu'elle appartient, a priori, aux "amis de Pradier". La porte n'était pas fermée à clé. J'ai donc jeté un coup d'œil à l'intérieur. Il y avait une petite table, quelques tabourets et un petit poêle à bois. C'était très rustique, mais fonctionnel.
J'ai bien refermé la porte avant de me diriger vers la croix installée quelques dizaines de mètres plus loin. Sur les cartes topographiques avant 1965, l'endroit portait le nom de "Proz Limbo". Ce toponyme dérive du veux français "prade" signifiant "pré, pâturage" et du latin "limbus" qui signifie "bordure". Lorsqu'on arrive à côté de la croix, on comprend très bien l'ancien nom, qui signifie "prés au-dessus d'une paroi rocheuse". La vue sur les Mayens-de-la-Zour et la vallée du Rhône est effectivement vertigineuse.
De Barloé (P. 1643) au Prabé
D'après les cartes topographiques, le sentier s'arrêtait au refuge. Cependant, à l'est de la cabane, un chemin bien marqué s'enfonçait à nouveau dans la forêt en direction nord-est pour mener à une source d'eau.
Environ 150 mètres plus loin, le sentier se divisait en deux. Une plaquette métallique clouée à un tronc d'arbre indiquait la direction à suivre pour rejoindre le point d'eau. Je l'ai ignorée et j'ai emprunté le chemin de gauche qui remontait vers nord-ouest. Bien que le sentier devienne par moments moins marqué, j'ai pu suivre des traces plus ou moins visibles, jusqu'à émerger de la forêt à environ 1730 mètres d'altitude.
La partie supérieure du flanc sud-est du Prabé était escarpée et composée d'un mélange d'herbe et petits arbustes. Une sente semblait remonter sur la droite, sur la caillasse au bord du précipice, mais c'était difficile de déterminer si c'était vraiment un ancien chemin ou des traces laissées par le temps et les intempéries.
Un peu au-dessus de 1800 mètres d'altitude, j'ai repéré une ancienne trace de balisage orange, très délavée, peinte sur une pierre. J'ai ensuite continué en lisière d'une forêt très éparse, puis le terrain est devenu plus rocailleux. J'ai ensuite alterné entre prairie et gradins rocheux jusqu'à récupérer un couloir herbeux qui m'a conduit à quelques dizaines de mètres à l'est de la croix sommitale du Prabé.
La trace de peinture vers 1800 mètres d'altitude était la seule indication que j'ai trouvée sur le flanc de la montagne. Je n'ai vu aucune autre trace de peinture, ni de cairn, ni de chemin…
Arrivé à la croix sommitale, j'ai été captivé par la solitude du lieu. Pas une âme à la ronde, si ce n'était le chant des oiseaux et le bruissement du vent dans les herbes. Je me suis installé sur le petit tronc qui servait de banc et j'ai savouré mon encas tout en admirant la vue grandiose qui s'étendait devant moi.
La vallée du Rhône s'étalait à mes pieds, parsemée de villages, de forêts et de champs verdoyants. Au loin, les Alpes se dressaient fièrement, leurs sommets encore enneigés et malheureusement en partie cachés par les nuages.
Le nom "Prabé" dérive du patois local, où "pra" signifie "pré" et "bé" "beau". Ce nom convient parfaitement à ce sommet arrondi et herbeux qui offre un véritable havre de paix aux randonneurs et randonneuses. Le point culminant se trouve en réalité à quelques dizaines de mètres au nord de la croix, mais la vue y est moins dégagée.
Tentative d'ascension de Pra Roua (Cotation T5!)
Le Prabé, considéré comme la montagne locale de Savièse, est un sommet relativement fréquenté. En revanche, les sommets plus au nord, tels que Pra Roua et Crête Besse, demeurent rarement visités et sont réservés aux randonneurs et randonneuses expérimentés.
Ce jour-là, j'étais animé par l'envie d'explorer les territoires sauvages en direction de Pra Roua, bien que je fusse conscient que le sommet était probablement inaccessible à cause des névés persistants au-dessus de 2300 mètres.
Pra Roua tire son nom du vieux français "prade" signifiant "pré" et du patois "roué" signifiant "bord d'un précipice". Le sommet, effectivement herbeux, est défendu par des parois rocheuses abruptes sur tous ses versants. L'ascension est cotée T5, ce qui la rend bien plus technique que celle du Prabé!
Du sommet du Prabé, un sentier bien marqué s'étend vers le nord en longeant la crête. Rapidement, on arrive à un portail métallique qui marque la fin de la "balade". Dès le portillon franchi, le terrain devient aérien et escarpé, offrant un contraste saisissant avec le parcours précédent.
Le chemin longe la crête et traverse ensuite le flanc ouest. Il était généralement bien marqué, mais présentait quelques zones légèrement ravinées. Par endroits, des marques jaune et rouge délavées se distinguaient sur des rochers.
Dans la pente sous P. 2173, la sente disparaît, tout comme sur la carte topographique. J'ai d'abord tenté de rester sur le fil de l'arête, mais lorsque celle-ci change de direction vers le nord-nord-est, elle devient excessivement exposée, avec des dalles lisses sans vraiment de prises pour les mains et les pieds. Ayant lu qu'un itinéraire permettait de contourner cette cime par le versant nord-ouest, je suis redescendu quelques dizaines de mètres et j'ai entamé la traversée, sur un terrain ardoisé. Je me suis rapidement retrouvé sur des vires rocheuses très étroites, où chaque pas nécessitait de vérifier la stabilité du terrain. La progression était par conséquent lente. Plus loin, j'ai remarqué une sente plus basse, où la pente était moins raide.
J'ai récupéré ce chemin, mais le terrain était encore meuble suite aux pluies récentes. Les pieds accrochaient généralement bien, mais par endroits c'était légèrement glissant et à d'autres le terrain avait subi des affaissements. Ces conditions n'étaient clairement pas idéales pour progresser sur ce terrain exposé.
J'ai contourné un gendarme rocheux sans nom ni côte sur les cartes topographiques, toujours par le versant nord-ouest. Juste après, j'ai pris la décision de rebrousser chemin. Je me trouvais approximativement à mi-chemin entre P. 2173 et P. 2289. L'état de la sente se détériorait au fur et à mesure de ma progression et semblait disparaître complètement un peu plus loin. J'avançais lentement et avec prudence, car le terrain était meuble, peu stable, très pentu et la combe était profonde. Sur ce terrain exposé, il n'y avait souvent que la place pour un seul pied. J'aurais dû atteindre P. 2289, à environ 200 mètres à vol d'oiseau de ma position, puis poursuivre par le flanc sud. Cependant, les névés persistants sur cette face très raide ne m'inspiraient aucune confiance.
J'avais déjà renoncé à des ascensions par le passé en me promettant que je n'y retournerais jamais, mais ce n'était pas le cas ici. Les conditions du terrain n'étaient pas optimales et j'en étais conscient. J'avais une bonne idée de ce qui m'attendait et j'étais déterminé à revenir une autre fois, lorsque les conditions seraient plus favorables.
Je suis retourné au Prabé en suivant le chemin et les rares traces de balisage, un parcours plus confortable que celui emprunté à l'aller.
Cette tentative infructueuse d'atteindre Pra Roua,exclue des données de la randonnée, m'a néanmoins permis de découvrir un itinéraire sauvage et spectaculaire. J'ai hâte de revenir un jour pour gravir ce sommet et profiter des panoramas extraordinaires qu'il offre…
La Cabane du Prabé
Pour retourner à Binii, j'ai opté pour la voie normale, un itinéraire plus facile et accessible. Une descente douce et agréable m'a rapidement mené à la cabane du Prabé, un ancien chalet d'alpage transformé en refuge de montagne non gardé.
La cabane est toujours ouverte et il n'est pas possible de réserver sa place (premier arrivé, premier servi). L'intérieur était rustique, mais fonctionnel. Une cheminée et quelques ustensiles de cuisine permettent de préparer un repas simple, mais il est important de prendre du bois, car il n'y en a pas sur place.
Pour les randonneurs et randonneuses souhaitant passer la nuit, des matelas sont disponibles sur la mezzanine. Cependant, il n'y a pas de couvertures, il est donc indispensable d'apporter un sac de couchage. Des toilettes sèches sont également présentes à l'extérieur.
Un puits d'eau est accessible à quelques centaines de mètres de la cabane, mais il peut être à sec pendant la saison estivale.
De la Cabane du Prabé à Binii
Depuis la cabane du Prabé, on peut choisir entre deux options pour descendre à Résina: un chemin balisé, dans le flanc de la montagne, et un sentier sur la crête, plus aérien, mais offrant des panoramas spectaculaires. Ce dernier nécessite un pied sûr et une absence de vertige, mais il a l'avantage d'être moins fréquenté.
J'ai décidé de prendre le sentier sur la crête pour profiter des vues panoramiques. Le premier tronçon ne présentait aucune difficulté particulière. Rapidement, on découvre les paravalanches qui protègent les chalets des Mayens de la Dzour, situés 600 mètres plus bas.
Le sentier traverse ensuite un plateau herbeux parsemé de fleurs, selon la saison. J'ai eu la chance d'apercevoir des perce-neiges, signe que la neige avait récemment fondu. Le chemin de crête comportait ensuite quelques passages aériens vertigineux, mais offrant des vues à couper le souffle sur la vallée.
Vers 1800 mètres d'altitude, les deux sentiers se rejoignent définitivement. Le chemin normal comporte ensuite quelques passages équipés de chaînes, permettent de rassurer les personnes les moins à l'aise.
Après cela, on pénètre dans une forêt de conifères. Une dizaine de minutes plus tard, on arrive au lieu-dit de Résina. Ici, plusieurs chemins balisés s'offrent à nous. J'ai continué tout droit en direction de Sainte-Marguerite.
La descente en sous-bois était paisible et agréable. Vers 1500 mètres d'altitude, on poursuit sur la crête de Barme de Jeur. Ce tronçon comporte plusieurs passages raides et escarpés nécessitant de nouveau un pied sûr et une absence de vertige. La forêt de pins et de mélèzes était magnifique et offrait une protection bienvenue contre la chaleur et le soleil. Plusieurs ouvertures permettaient d'admirer la vallée de la Morge.
En perdant de l'altitude, j'entendais de plus en plus distinctement les voix des personnes discutant et les cris joyeux des enfants. Après un énième virage, la petite chapelle de Sainte-Marguerite est apparue devant moi. Non loin, les tables de la terrasse de la buvette des Vouasseurs étaient bien occupées par les visiteurs et visiteuses de l'Ancien Bisse de Savièse, aussi nommé Torrent Neuf.
J'ai continué sur le chemin forestier qui descend d'une pente douce, en suivant le balisage jaune et les panneaux jusqu'à retrouver le parking de Binii.