Accès

Accès en voiture

Prendre l'autoroute A12 jusqu'à Bulle, puis suivre les indications pour Château-d'Oex. Au giratoire à l'entrée du village, poursuivre en direction de Rougemont jusqu'aux Granges. Bifurquer à droite juste après la sortie de cette bourgade et descendre en direction de Gérignoz. Traverser le tunnel puis gagner le parking du hameau (panneaux).

On peut économiser environ 30 minutes de marche (2 km et 100 mètres de dénivelé positifs et négatifs) en se garant au petit parking de la Pierreuse (P. 1104, pour une dizaine de voitures au maximum). Depuis Gérignoz, la route pour le rejoindre est bien indiquée, mais elle est étroite et les croisements sont parfois difficiles.

Accès en transports publics

Prendre le MOB (train) sur la ligne Montreux –- Zweisimmen jusqu'à l'arrêt sur demande "Les Granges-Gérignoz". Depuis la gare, suivre les panneaux du tourisme pédestre pour rejoindre Gérignoz et le parking susmentionné (environ 10 minutes de marche).

Dé Gérignoz à Planquirin

Lorsque j'ai mis mon sac sur le dos, des nuages qui ne promettaient rien de bon recouvraient partiellement la Pointe de Cananéen (dans la même chaîne que le Rocher Plat). Les prévisions météo indiquaient des risques de pluie légère, mais elles étaient annoncées au nord de Château-d'Oex.

Dans un premier temps, suivre les panneaux du tourisme pédestre en direction de La Pierreuse. L'intérêt de la première portion de la randonnée est moindre, car pour presque 4 km on marche sur l'asphalte…

Très vite, on marche sur la route qui longe la Gérine, un ruisseau qui prend sa source dans le pâturage de la Plâne (à l'intérieur de la réserve naturelle de La Pierreuse) et se jette dans la Sarine à Gérignoz. Par le passé, ce cours d'eau était appelé comme le hameau, et Jurignioz au Moyen Âge. Il ne faut pas le confondre avec la rivière homonyme qui coule dans le canton de Fribourg et qui rejoint aussi la Sarine, mais cette fois-ci à l'ouest de Marly.

Le ruisseau réalise de jolies petites cascades. À la première bifurcation (P. 1036), poursuivre à gauche en direction de Planquirin. Le parcours côtoie les chalets d'alpage de Bellegarde, du Saut et des Ciernes Richard et offre de très beaux panoramas sur Château d'Oex et Rougemont ainsi que toute la chaîne de montagnes qui va de la Pointe de Cray au Vanil Noir.

Les précipitations qui devaient juste me frôler par le nord ont commencé à tomber sur moi. La pluie fine ne dérangeait pas, bien au contraire: la température était fraîche et agréable.

Au croisement de sentiers pédestres (P. 1257), continuer tout droit en direction de Planquirin. On rejoint le poteau indicateur de ce pâturage, quelques 400 mètres plus loin. Ce toponyme se compose de "Plan", qui signifie "plateau gazonné", et du patronyme "Quirin", issu du nom latin "Quirinus".

De Planquirin à la Station de la Videmanette

Continuer l'ascension en direction de Videmanette. La route asphaltée se termine à la hauteur du chalet d'alpage du Planquirin. Le sentier balisé, bien marqué, monte ensuite à travers le pâturage et après un court passage en forêt on gagne Martigny. Cet alpage et la ville valaisanne homonyme ont la même toponymie. Ils proviennent du nom de domaine d'origine gallo-romaine "Martiniacum", qui est dérivé du gentilice "Martinius" issu de "Mars, Martis", le dieu romain de la guerre.

Le panneau pour Videmanette (la cabane ainsi que l'arrivée des remontées mécaniques) est accompagné par un gros signe d'attention. La partie terminale de l'ascension comporte un passage légèrement technique et exposé qui nécessite une certaine expérience en montagne. Suivre la route d'alpage sur quelques centaines de mètres sous l'imposant regard du Rocher Pourri, puis bifurquer à gauche.

Le sentier remonte en serpentant dans la prairie et la pente se redresse rapidement. Le chemin traverse ensuite une forêt éparse. Avec la pluie qui venait de tomber, les roches étaient par endroits glissantes.

Les diversités du terrain, de la flore et du paysage rendaient l'excursion très variée et plaisante. Une randonneuse qui marchait avec son chien m'a dépassé pendant que je photographiai d'autres fleurs. L'animal domestique était déjà en laisse bien qu'on ne soit pas encore à l'intérieur du district franc. J'ai trouvé cela très responsable et respectueux.

Le soleil continuait à jouer à cache-cache lorsque j'ai rejoint le Creux du Pralet. On passe à un terrain de plus en plus rocailleux. La combe est coincée entre le Rocher Pourri, le Rocher à Pointes et le Rocher Plat dont les falaises des deux derniers sont particulièrement impressionnantes.

On poursuit l'ascension dans un large couloir entre le Rocher à Pointes et le Rocher Plat et la pente se redresse encore plus. La végétation se raréfiait peu à peu et au sol il ne persistait que quelques touffes d'herbe clairsemées. On reste humble et vigilant quand l'on pense que les pierres sur lesquelles on marche s'étaient décrochées des parois rocheuses qui nous entourent…

Le terrain, toujours escarpé, était recouvert de cailloux et il fallait constamment vérifier la stabilité des endroits où on posait les pieds, mais aussi prêter attention à ne pas faire débouler involontairement des pierres. À la descente, le parcours doit être bien plus casse-gueule…

Avant d'arriver au passage clé, la pente se redresse encore un chouia plus. C'est là que j'ai rattrapé la randonneuse avec son chien. Nous avons échangé quelques banalités et j'ai demandé si elle avait besoin d'aide avec l'animal de compagnie pour franchir le couloir, mais apparemment il grimpe mieux qu'elle.

Un câble en acier, recouvert d'une gaine en plastique, pendouillait au milieu du passage. Il n'y avait qu'un seul point d'ancrage dans sa partie supérieure, par conséquent on ne peut l'utiliser qu'individuellement. Le rocher offre de multiples prises et points d'appui, du coup le câble est presque superflu. Il doit cependant être bien pratique à la descente… Dans les deux directions, il faut prêter attention à ne pas poser les pieds sur des pierres branlantes et à ne pas le faire rouler.

Pendant que je progressais, j'ai entendu le bruit de plusieurs cailloux tomber dans la paroi au-dessus de moi. Mon premier réflexe a été de me plaquer à la falaise et d'essayer de les repérer, mais sans succès. Personne n'avait heureusement été touché. J'ai poursuivi avec précaution tout en inspectant la montagne. Le fautif était un magnifique bouquetin qui se déplaçait sur la paroi.

Continuer à gauche sur une étroite vire, sécurisée par un câble. La traversée est aérienne et bien qu'elle soit courte, elle demande un pied sûr et de ne pas être sujet aux vertiges. Par un agréable sentier, on gagne ensuite très vite un collet où j'ai croisé un jeune bouquetin. Le chemin est en bordure du district franc de la Pierreuse-Gummfluh et la réserve naturelle homonyme n'est pas très loin, ce n'est donc pas étonnant d'apercevoir des animaux sauvages.

Remonter le long de la crête puis, vers 2125 mètres d'altitude, partir à droite et traverser d'un faux plat la pente herbeuse jusqu'à rejoindre un col sans nom (P. 2130). Au sud, on a une très belle vue sur la Gummfluh.

La Cabane de la Videmanette n'est plus qu'à quelques minutes de marche. Ce refuge a été construit en 1930 dans le flanc de la montagne par les membres du Club Vanil. Le but était de proposer un toit aux grimpeurs et aux randonneurs de passage dans la région, car à l'époque il n'y avait pas de télécabines. Depuis le début de l'année (2023), la cabane n'est accessible qu'aux membres du club.

La station supérieure des remontées mécaniques n'est plus qu'à quelques pas. Le restaurant était ouvert et une terrasse offre la possibilité de se reposer tout en admirant la vue.

De la Station de la Videmanette au Rubli

J'ai continué sur un sentier légèrement en dévers qui serpente entre les blocs en direction nord-est. En regardant les parois abruptes du Rubli, je me suis bien demandé où passe le chemin…

Une courte descente mène à un col. Un premier panneau prévient les visiteurs et visiteuses que l'utilisation de la Via Farrata se fait à ses propres risques et périls. Un deuxième indique les directions à suivre pour rejoindre les départs des voies et une note rappelle qu'il est indispensable d'avoir un équipement de montagne (souliers, casque, harnais).

Trois voies de Via Ferrata se faufilent dans les parois du Rubli: la première, de difficulté K1 (facile), emprunte la voie normale. C'est aussi l'itinéraire de descente pour les deux autres vias ferratas. Selon la cotation du CAS, les parcours de cette complexité comportent de "grandes marches naturelles et si elles font défaut, on y trouve des échelles, des échelons métalliques ou des passerelles. Les passages plus exposés sont sécurisés par une corde ou une chaîne (ou main courante). Le randonneur expérimenté n'aura pas besoin d'autoassurage".

La cotation T4 de ce topo est due à l'ascension du Rubli sans matériel de Via Ferrata. Le reste de la course ne dépasse guère le T3. Si vous n'êtes pas à l'aise avec les passages aériens ou si c'est votre première randonnée alpine, je recommande vivement de vous équiper!

La voie 1 et la voie 2 démarrent au même endroit. Il est marqué par un énorme point jaune-orange peint sur le rocher. On trouve aussi le début de la ligne de vie qui est utilisée, en Via Ferrata, pour la protection contre les chutes et éventuellement comme aide à la progression. Les câbles ont été installés jusqu'au sommet. Il n'y a donc plus qu'à les suivre.

Contourner par la gauche un, monter sur une dalle en dévers, puis continuer dans le flanc mi-herbeux, mi-rocheux. Par endroits, on aperçoit des flèches de couleur jaune ainsi que d'anciennes traces de balisage blanc-rouge-blanc.

Très vite, on arrive au pied d'une paroi. Deux itinéraires parallèles, aériens, qui comportent des échelles et des cales, permettent de la franchir aisément. Cela demande néanmoins de la concentration, car sans le matériel d'assurage un faux pas pourrait avoir de graves conséquences.

Quelques instants après, on est face à un nouveau passage exposé. Le parcours se faufile d'abord dans la falaise d'un faux plat. Il y a de très bonnes prises pour les mains et les pieds, il faut juste un peu de dextérité. S'ensuit une traversée sur une vire étroite au pied d'une dalle.

On gagne une bifurcation: la voie 1 continue tout droit le long du sentier, tandis que la voie 2 (matériel obligatoire pour cette voie!) emprunte un raccourci par une paroi rocheuse sur la gauche.

La prochaine difficulté, une cheminée, est déjà en vue. Le passage vertical est largement équipé d'échelons, de cales et d'autres aides à la progression.

Le chemin remonte ensuite d'une pente douce et sans nouvelles complications jusqu'à la croix sommitale du Rubli. L'endroit offre une magnifique vue sur le Pays d'Enhaut d'un côté, le vallon du Ruble et la Gummfluh avec les Alpes en arrière-plan de l'autre.

Le nom de ce sommet s'est élevé depuis l'alpage du Ruble et il a évolué au cours du temps: Reublo et Ruble en 1115, Ruebloz en 1449, Monte Rubloz en 1456, Ruble en 1672. Le toponyme pourrait venir du germanique "reuban" qui signifie "casser" ou de l'anglo-normand "robel" qui veut dire "morceaux de pierres brisées". En allemand, le sommet est appelé Rübli, à savoir "petite carotte, petit navet", par remotivation, c'est-à-dire une fausse réinterprétation d'un nom.

Du Rubli au Sommet de la Videmanette

Le retour à la station de la Videmanette puis au col (P. 2130) se fait par le même itinéraire. À la descente, certains passages sont encore plus impressionnants que lors de l'ascension.

J'ai été surpris, au col, de constater que le sommet de la Videmanette n'est mentionné sur aucun des panneaux. C'est très probablement à cause de cela que quand on parle de la Videmanette, la plupart des gens pensent aux remontées mécaniques…

En regardant en direction sud, on aperçoit deux chemins bien marqués. Le sentier balisé est celui qui traverse la pente d'un faux plat. L'autre, indiqué sur les cartes topographiques, mène au sommet de la Videmanette en longeant la crête herbeuse. C'est bien évidemment ce dernier que j'ai suivi.

Une dizaine de minutes sont nécessaires pour atteindre le sommet où il y a juste de l'herbe et beaucoup de mouches (pas de croix ni de cairn).

Le court détour vaut la peine, car on a une vue imprenable sur le Rubli et le vallon du Ruble, le vallon de la Videmanette, la réserve de la Pierreuse avec le Rocher du Midi, la Gummfluh et son arête nord, le Rocher Plat (qui n'a rien de plat, peu importe sous quel angle on le regarde) et j'en passe.

De la Videmanette au Rocher Plat

L'itinéraire pour gagner le troisième (et dernier) sommet de la journée, le Rocher Plat était très évident: descendre jusqu'au col et remonter en face. L'affaire allait se régler en moins d'une demi-heure…

Emprunter le chemin qui longe l'arête gazonnée sud-est puis, environ 150 mètres plus loin, partir à droite sur une sente qui mène au poteau indicateur au col (P. 2128). L'herbe m'arrivait à hauteur des genoux, mais fort heureusement le soleil l'avait déjà bien séchée après l'eau tombée le matin et mes pantalons n'ont pratiquement pas été mouillés.

La face nord du Rocher Plat semblait comporter des passages pentus, mais à priori il n'y a pas de difficulté technique majeure. Un sentier bien marqué suit une épaule puis remonte à travers la face. On retrouve régulièrement des traces de balisage blanc-rouge-blanc peintes sur les pierres. Par un raidillon, gagner le pied de la barre rocheuse sommitale. Des marches naturelles permettent de franchir aisément le rocher d'environ trois à quatre mètres de haut sans utiliser la chaîne installée.

Une dernière courte montée sur l'arête et le texte "ROCHER PLAT" nous signale qu'on a atteint le point culminant. Je ne sais pas si les trois gros cailloux posés côte à côte forment un cairn minimaliste ou s'ils sont juste là ainsi.

Le sommet offre de beaux panoramas similaires comme auparavant, mais sous d'autres angles.

Du Rocher Plat à Gérignoz par la Réserve Naturelle de la Pierreuse

Retourner au col (P. 2128) par le même itinéraire puis continuer à droite en direction des Paccots et de Château-d'Oex. Un panneau complètement décoloré par le soleil indique qu'on rentre dans la réserve naturelle de la Pierreuse. Quelques pictogrammes rappellent les règles principales qu'il faut respecter, notamment l'obligation de rester sur les chemins balisés et ne pas ramasser de fleurs. Les chiens ainsi que les vélos y sont interdits.

La réserve naturelle s'étend sur environ 34 kilomètres carrés. Le paysage est un contraste permanent entre parois rocheuses abruptes et prairies alpines avec une flore très riche.

Vers 1700 mètres d'altitude, on pénètre dans une forêt composée majoritairement de conifères. Chaque ouverture offre des panoramas différents.

Au croisement de sentiers pédestres (P. 1228), poursuivre à droite en direction de Gérignoz. Suivre ensuite la Gérine jusqu'à retourner au point de départ.