Accès

Accès en voiture

Emprunter l'autoroute A9 jusqu'à la sortie de Bex, puis suivre la direction de Bex. Dans le village, continuer vers les Plans-sur-Bex (ou simplement "Les Plans" tel que l'indiquent certains panneaux). Plusieurs emplacements de stationnement se trouvent à proximité du Restaurant du Chamois. Il est à noter que ces places sont exclusivement réservées au restaurant, mais ce dernier est fermé en hiver…

Accès en transports publics

Le village des Plans-sur-Bex est desservi par des cars postaux au départ de la gare de Bex, mais le nombre de correspondances est très limité.

Pour trouver la meilleure correspondance, consulter l'horaire en ligne des CFF.

Des Plans-sur-Bex à En Collatel

Mon périple a débuté différemment de ce que j'avais imaginé. Initialement, j'avais prévu de démarrer ma randonnée depuis Léoutre, un hameau dont le toponyme, issu du patois local "" et "outre", évoque sa situation géographique de l'autre côté de l'Avançon, face à Frenières. La rareté de la neige à cette altitude relativement basse m'a cependant poussé à continuer en voiture jusqu'aux Plans sur Bex, afin de démarrer mon excursion environ 150 mètres plus haut, dans l'espoir de trouver une couche de neige plus conséquente.

En arrivant dans le hameau, j'ai été accueilli par un paysage d'une blancheur immaculée. Cela s'explique par la faible exposition de ce secteur au soleil, notamment entre début novembre et fin janvier. L'atmosphère respirait indéniablement l'hiver: les arbres arboraient des branches délicatement recouvertes de neige, tandis que le givre avait métamorphosé les bâtiments et les panneaux de signalisation en véritables sculptures éphémères.

Depuis le Restaurant du Chamois, j'ai longé la route principale en direction du sud avant de me laisser guider par les panneaux de tourisme pédestre signalant la direction d'Euzane. Dans un premier temps, le sentier empruntait la route de Javerne, fermée à la circulation durant la saison hivernale. À mon grand regret, la couche de neige s'est avérée vraiment mince, ne dépassant pas 10 cm, rendant ainsi l'utilisation des raquettes superflue. Ces dernières sont donc demeurées sagement fixées à mon sac à dos.

Parvenu au premier virage en épingle à cheveux (P. 1118), j'ai choisi de continuer tout droit sur un chemin large, toujours suivant les panneaux jaunes du tourisme pédestre. De temps à autre, des ouvertures dans la forêt dévoilaient de magnifiques panoramas sur le Chablais vaudois, le Grammont, les Jumelles et les Cornettes de Bise.

Après environ 450 mètres, le chemin s'est progressivement transformé, devenant plus étroit et plus abrupt. Une succession de courts lacets m'a permis d'atteindre une large piste à environ 1280 mètres d'altitude. Bien que le sentier pédestre, accompagné de la trace de ski, poursuivait son ascension, j'ai poursuivi à droite le long de ladite piste, en direction des Colatels, comme l'indiquait un panneau en bois.

Le parcours présentait désormais de nouveaux défis: l'itinéraire n'était plus damé et la quantité de neige s'était accrue, avoisinant désormais une vingtaine de centimètres. La progression dans cette neige poudreuse s'avérait certes agréable, mais aussi plus fatigante. J'aurais pu chausser les raquettes, mais par pure fainéantise, j'ai choisi de continuer à pied.

La suite de mon parcours m'a réservé une surprise de taille: quelques centaines de mètres plus loin, je me suis retrouvé soudainement face à un gros tronc d'arbre qui barrait complètement le chemin. L'obstacle en lui-même ne constituait pas le véritable problème, étant facilement contournable, mais c'était plutôt la présence d'un panneau interdisant formellement l'accès aux piétons et aux chevaux qui posait question. En examinant attentivement la suite du parcours, la piste semblait en bon état et dépourvue d'obstacles majeurs tels que des arbres déracinés ou des éboulements. Je n'ai pas compris pourquoi ce panneau avait été installé.

Depuis un moment, j'avais remarqué une trace laissée par un randonneur, qui avait presque été effacée par les récentes chutes de neige. Cette trace poursuivait au-delà du tronc d'arbre. Après réflexion, j'ai pris la décision de continuer, tout en demeurant vigilant face à tout danger potentiel.

J'ai été ravi d'avoir bravé cette interdiction, car elle m'a permis d'admirer d'impressionnantes formations de glace, véritables œuvres d'art naturelles aussi magnifiques que fragiles. Je recommande d'emprunter cette piste uniquement après plusieurs journées froides consécutives afin qu'elles soient solides.

Au fil de ma progression sur la piste, j'ai eu le plaisir de découvrir de nombreuses empreintes d'animaux, mais, hélas, leurs propriétaires sont restés invisibles.

Environ 200 mètres après avoir franchi l'Ivoulette, un affluent de l'Avançon dont le nom, dérivé du patois "ive" signifie "eau", j'ai bifurqué à gauche. J'ai suivi un sentier indiqué sur les cartes topographiques, mais qui était difficilement visible à cause de la neige, particulièrement dans la clairière. J'ai maintenu le cap est-sud-est et j'ai finalement atteint En Collatel vers 1400 mètres d'altitude, un alpage dont le toponyme trouve son origine dans le bas latin "collata", signifiant "colline" ou "petit mont".

D'En Collatel au Gros Châtillon

J'ai rapidement atteint le Chalet Blanc (P. 1427). Malgré une quantité de neige suffisante à partir de 1250 mètres d'altitude environ, j'avais jusque-là évité de chausser les raquettes, mais la progression s'avérait de plus en plus pénible. Une fois équipé, j'ai poursuivi en direction ouest-sud-ouest.

À peine quelques mètres plus loin, j'ai repéré plusieurs traces de skieurs, une présence qui n'avait rien d'étonnant. L'ascension du Gros Châtillon depuis Léoutre jouit en effet d'une certaine popularité, étant particulièrement appréciée pour sa simplicité. Pourtant, ce jour-là, la montagne m'appartenait entièrement.

J'ai contourné la bande de forêt située vers 1500 mètres par la droite. Dans mon champ de vision, le Mazot des Dames s'est dessiné à quelques centaines de mètres au sud-est. Ne figurant pas parmi mes objectifs, j'ai préféré poursuivre l'ascension en direction sud jusqu'à rejoindre un autre chalet situé à proximité de P. 1602. Les premiers rayons du soleil commençaient doucement à éclairer la cime des arbres, présageant enfin un peu de chaleur bienvenue.

Une brève traversée sur la droite (direction nord-est) m'a permis d'atteindre une épaule dans la partie supérieure des Lués. Ce toponyme trouve ses racines dans le patois "loé, lui", signifiant "forte pente herbeuse", ainsi que dans le celtique "*loke, *loc, *luic, *leigh", évoquant une "pente lisse" ou une "paroi rocheuse". Cette appellation fait référence à un couloir herbeux raide se déployant entre deux arêtes montagneuses. Curieusement, dans le cas présent, si la pente lisse s'inscrivait bien entre deux crêtes, la déclivité se révélait moins prononcée qu'attendu…

J'ai poursuivi mon ascension en direction sud jusqu'à atteindre l'arête, que j'ai rejointe aux abords de P. 1691, puis je l'ai longée. J'avais espéré profiter d'un panorama dégagé sur la vallée du Rhône, mais la dense forêt obstruait considérablement la vue.

Face à l'épaisse forêt de conifères recouvrant le sommet du Petit Châtillon, j'ai jugé préférable de contourner cette cime vers 1780 m, pour ensuite récupérer de nouveau la crête dès que possible.

Désormais, le sommet du Gros Châtillon se dressait à portée de main. Constatant que la montée directe par l'arête nord-est se révélait particulièrement raide sur les derniers mètres, j'ai privilégié une traversée par la face est afin de rejoindre l'arête sud-est. J'ai ensuite facilement accédé au sommet, qui ne constitue en réalité qu'une éminence discrète sur la longue crête menant à la Croix de Javerne. En revanche, il gratifie le randonneur d'un panorama splendide sur le Chablais valaisan.

Le toponyme de ce sommet désigne, par métaphore, un sommet ou un massif montagneux dont la forme évoque l'image d'un château. La silhouette évocatrice du versant occidental se dévoilera lors de l'ascension de la Tête à Niouston.

Concernant la difficulté, cette première partie de l'ascension ne présente aucune complexité particulière, justifiant ainsi la cotation WT2-. Il convient toutefois de noter que la piste pour atteindre En Collatel traverse quelques secteurs dont la déclivité dépasse les 30°, les rendant théoriquement vulnérables aux avalanches. Heureusement, cette zone profite d'une protection naturelle grâce à des forêts denses, qui contribuent à stabiliser la couche neigeuse sur le versant.

Du Gros Châtillon à la Tête à Niouston

Le topo du CAS préconise de suivre la ligne de crête pour atteindre la Croix de Javerne depuis le Gros Châtillon, et c'est précisément ce que j'ai entrepris. Alors que je m'attendais à trouver des traces de ski ou de raquettes, similaires à celles rencontrées depuis En Collatel, quelle ne fut pas ma surprise de n'en trouver aucune! Je me suis ainsi retrouvé à tracer mon propre chemin à travers la neige poudreuse, un véritable bonheur.

J'ai très rapidement atteint le sommet d'une petite butte sans nom ni côte sur les cartes topographiques. La suite du parcours s'est hélas avérée passablement bloquée par une végétation dense et des branches mortes, rendant la poursuite le long de la crête trop casse-gueule.

Que faire face à ces obstacles inattendus? Déjà rebrousser chemin et prendre le chemin du retour? Pas aussi vite! Après avoir consulté la carte topographique, j'ai opté pour le chemin qui contourne P. 1863 par le versant est. Je suis donc retourné sur mes pas sur environ 150 mètres, puis j'ai tenté de localiser ce chemin, une tâche complexifiée par la neige. La pente s'est révélée également raide et, à quelques endroits, j'ai eu du mal à créer une trace stable dans la neige. Cette variante n'est donc recommandée que lorsque le degré de danger d'avalanche est faible, ce qui était le cas lors de mon passage. Les difficultés de cette traversée, bien que courte, font grimper la cotation de toute la course à WT4!

Au prix de plusieurs efforts, j'ai réussi à suivre le sentier et à rejoindre un croisement de chemins vers 1750 mètres d'altitude. Depuis ce point, il fallait remonter pour récupérer de nouveau la crête. J'ai mis le cap au sud-sud-ouest et j'ai découvert un itinéraire bien plus évident, une pente bien plus douce et agréable, et également quelques traces de balisage de montagne (blanc–rouge–blanc) sur des troncs d'arbres.

Vers 1815 m environ, le chemin vire brusquement à droite, en direction nord-ouest, jusqu'à retrouver la crête. C'était un vrai plaisir de monter par là. La neige était toujours aussi poudreuse, la vue se dégageait progressivement et la solitude était totale. Le seul bruit audible était celui de mes pas étouffés par la neige immaculée.

Le sommet de la Tête à Niouston fut ainsi conquis. Malheureusement, l'origine étymologique de ce sommet demeure mystérieuse, mais mes recherches ont révélé un fait intéressant: au début du XXe siècle, cette appellation désignait un autre sommet – P. 1863, contourné un peu plus tôt – sur les cartes topographiques de l'époque. P. 1863 se vit privé de cette appellation lorsque P. 1940 reçut le nom de Tête de Gniouton. Au début des années 1960, cette dernière dénomination évolua ensuite en Tête à Niouston, appellation qui perdure aujourd'hui.

De la Tête à Niouston à la Croix de Javerne

Par une courte descente, j'ai rejoint un poteau signalétique du tourisme pédestre (P. 1937). La suite de l'itinéraire le long de la crête était évidente, et le sommet de la Croix de Javerne se profilait clairement à l'horizon.

La dernière montée s'est révélée plus longue de ce que j'avais imaginé. D'une part, la couche de neige gagnait progressivement en épaisseur, ralentissant considérablement ma progression, et d'autre part, un vent s'était levé, accentuant le défi physique. Malgré ces obstacles, chaque pas dans cette atmosphère hivernale restait source de plaisir.

L'arrivée sur le vaste plateau sommital, où se dressait une imposante croix en bois, m'a gratifié d'un panorama à couper le souffle. Le spectacle s'étendait dans toutes les directions: à l'ouest, le regard portait à perte de vue, du Mont Blanc jusqu'au Léman, embrassant le Luisin et les Dents du Midi. Au sud, les massives Dents de Morcles ainsi que les Pointes des Perris Blancs et de Pré Fleuri s'imposaient nettement. Le tableau se poursuivait à l'est avec le Grand Muveran, l'arête d'Argentine et le massif des Diablerets qui s'harmonisaient parfaitement, tandis qu'au nord, Leysin, dominé par les Tours d'Aï, de Mayen et de Famelon, venait compléter cette mosaïque grandiose. Ce panorama exceptionnel, aussi vaste soit-il, ne représentait qu'une partie des merveilles offertes par ce sommet.

La principale difficulté de l'ascension depuis le Grand Châtillon consiste dans le contournement de P. 1863 par le versant est. Comme souligné précédemment, cette traversée mérite pleinement la cotation WT4 et requiert un risque d'avalanche faible. En revanche, la suite de l'ascension jusqu'au sommet de la Croix de Javerne ne dépasse pas la cotation WT3-.

De la Croix de Javerne à Javerne par la Grande Combe

J'aurais adoré m'attarder au sommet pour profiter pleinement du panorama exceptionnel, mais le vent s'intensifiait, rendant l'atmosphère frisquette et particulièrement désagréable. J'ai avalé en toute vitesse quelques noix avant d'entamer la descente, en suivant les traces laissées lors de la montée.

Parvenu à 1970 mètres d'altitude, j'ai abandonné la crête pour poursuivre en direction nord-est à travers la Grande Combe. J'ai visé le hameau de Javerne, qui s'esquissait partiellement au loin. La neige était fantastique, offrant des conditions idéales pour glisser. Ce fut un pur bonheur de dévaler ces quelques 300 mètres jusqu'à rejoindre une large piste située vers 1685 m.

À l'image du contournement de P. 1863, cette descente exige également des conditions nivologiques favorables (risque d'avalanche faible). Le niveau de difficulté s'avère comparable (WT3+).

En suivant la piste, marquée par des traces de ski, en direction nord, j'ai rapidement rejoint le charmant hameau de Javerne. Tout comme pour la Tête à Niouston, l'origine du nom de ce hameau reste malheureusement mystérieuse.

De Javerne aux Plans-sur-Bex

Pour regagner le point de départ, j'ai emprunté la route qui pénètre et traverse la Forêt de Cornilly sur un faux plat descendant. Avant de quitter définitivement le plateau, j'ai jeté un dernier regard au vallon et salué le soleil et sa douce chaleur.

Dans la forêt ombragée, la température a rapidement chuté. J'ai suivi la route sur environ trois kilomètres, puis j'ai bifurqué à gauche pour continuer à suivre le sentier pédestre. Une succession de zigzags m'a permis de rejoindre le chemin emprunté à l'aller, que j'ai suivi jusqu'à mon point de départ. À noter que j'aurais également pu rester sur la route. Cette variante rallonge le trajet d'une dizaine de minutes.