Accès

Accès en voiture

Emprunter l'autoroute A9 jusqu'à la sortie Martigny-Fully. Ensuite, suivre les indications pour Salvan, puis continuer dans le vallon de Van jusqu'à atteindre Van d'en Haut. Plusieurs parkings sont disponibles à la hauteur du hameau ainsi qu'à proximité du camping. Il est à noter que certaines places sont réservées aux usagers du camping. Il est recommandé de venir assez tôt, surtout les week-ends, car le nombre de places de parc est limité.

Accès en transports publics

Depuis la gare de Martigny, prendre le Mont-Blanc Express en direction de Chamonix jusqu'aux Marécottes. De là, emprunter le bus pour Van-d'en-Haut jusqu'au camping (terminus).

Pour trouver la meilleure correspondance, consulter l'horaire en ligne des CFF.

De Van d'en Haut au Lac de Salanfe

J'ai commencé ma marche près du camping de Van d'en Haut aux alentours de 8 heures. Les vacanciers émergeaient peu à peu de leurs abris, probablement réveillés par les rayons du soleil qui baignaient déjà la vallée d'une jolie lumière. L'air était encore frais, mais la température commençait déjà à grimper. Cela laissait présager une journée bien chaude…

J'ai suivi le large chemin caillouteux qui serpente en direction du lac de Salanfe. Malgré un rythme de marche tranquille, la chaleur se faisait déjà sentir et la sueur perlait sur mon front. Les rares zones d'ombre offertes par quelques arbres isolés représentaient de véritables oasis de fraîcheur. En passant près de la Fontaine des Bouquetins, une petite gouille cristalline formée par le ruisseau de Salanfe, j'ai été tenté de m'arrêter pour me rafraîchir.

Vers 1500 mètres d'altitude, le chemin arrive à une bifurcation. À gauche, la route carrossable est interdite aux piétons depuis des années en raison du danger de chutes de pierres. J'ai donc choisi le sentier pédestre sur la droite, plus raide et sinueux, mais sécurisé par des escaliers métalliques qui permettent de franchir aisément les imposantes barres rocheuses et de gagner rapidement de l'altitude.

Au cours de l'ascension, la vue sur le Vallon de Van s'élargit progressivement. Ce toponyme dérive du gaulois "*vanno" signifiant "pente escarpée, sommet" et du franco-provençal "van" qui signifie "rocher, sommet rocheux, montagne", ou parfois "combe". Le nom reflète parfaitement la configuration de cette vallée encaissée, où les parois abruptes des montagnes semblent se refermer sur le randonneur.

Le sentier pédestre rejoint la route carrossable à P. 1744. La pente s'adoucit alors nettement et le chemin longe désormais le Salanfe, dont les eaux calmes forment çà et là de petites gouilles qui invitaient à la baignade. Cette portion de l'itinéraire, bien que moins escarpée, est toutefois moins intéressante à cause de la vue plutôt limitée par la configuration du terrain.

J'ai jeté régulièrement un coup d'œil en arrière, vers l'objectif de ma journée, la Dent du Salentin. Malheureusement, le versant sud-ouest de la montagne demeurait plongé dans l'ombre et le soleil, déjà haut dans le ciel, m'empêchait de discerner les détails du relief.

Au fil de ma progression, le mur du barrage de Salanfe se dessinait de plus en plus nettement à travers la végétation. La route conduit jusqu'au pied de cette imposante construction, qui détonne quelque peu dans ce paysage naturel. Après avoir longé la base du barrage, une dernière montée permet d'atteindre son couronnement, d'où la vue sur le lac et les montagnes environnantes était tout simplement époustouflante.

Le Cirque de Salanfe

Le cirque de Salanfe est bordé par des cimes majestueuses: la Tour Salière, imposante et vertigineuse, se dresse face au cirque, dominant le paysage. Sur la gauche, le Luisin, plus discret, mais non moins élégant, étale ses courbes harmonieuses. Enfin, les Dents du Midi, dont les crêtes s'élancent fièrement vers le ciel, ferment le panorama sur la droite, offrant un spectacle grandiose et saisissant.

Ce cirque glaciaire a été façonné par les mouvements du glacier de la Tour Sallière durant la période du Würm (c.-à-d. il y a entre 120 000 et 12 000 ans). Après le retrait du glacier, un lac s'est formé au fond du cirque, mais il a été progressivement comblé par les débris rocheux tombés des parois environnantes, ce qui a d'ailleurs donné le nom au plateau. Le toponyme Salanfe est une forme patoise du mot "chalanche" qui signifie "éboulis en montagne".

Jusqu'au milieu du XXe siècle, trois groupes de maisons, la Barmaz, Sottion et la Confrérie, se blottissaient au pied du versant sud des Dents-du-Midi, formant un ensemble harmonieux et aligné. Ces constructions, composées de chalets et d'écuries, dataient des XVIIe et XVIIIe siècles. En été, le plateau s'animait au rythme des troupeaux, près d'un millier de têtes de bétail venant paître dans les alpages verdoyants.

Cependant, cette harmonie séculaire a été brutalement rompue en 1947 par la construction du barrage de Salanfe. Cet ouvrage colossal a entraîné la submersion progressive des hameaux et de leurs terres, effaçant à jamais une part de l'histoire et du patrimoine de la région.

Non loin du couronnement du barrage, sur une petite butte rocheuse, se trouve une croix en pierre. Elle fait face à la Tour-Sallière, qui fut la raison à son édification. Le 26 juillet 1913, trois jeunes étudiants parisiens ont péri après une chute de près de 600 mètres sur la paroi presque verticale du "Grand Revers". Cet accident tragique a provoqué un émoi considérable dans toute la région et la famille d'un des trois alpinistes a fait ériger la croix. À l'origine, elle était dressée sur un petit promontoire à proximité de l'ancien hôtel de la Dent-du-Midi, mais elle a été déplacée à sa position actuelle, proche de l'actuelle auberge, avant qu'elle ne soit submergée par les eaux du lac artificiel.

Avant la construction du barrage, Salanfe était déjà une destination prisée des randonneurs et alpinistes. Le plateau offrait un point de départ idéal pour l'ascension des sommets environnants, attirant de plus en plus de visiteurs à la fin du XIXe siècle. Pour répondre à cette demande croissante, un chalet d'alpage a été transformé en hôtel en 1897, devenant ainsi le premier établissement hôtelier du plateau. Face à ce succès, un second hôtel a vu le jour l'année suivante, offrant aux visiteurs un confort et une hospitalité bienvenus après une journée d'efforts en montagne. Malheureusement, ces deux hôtels ont subi le même sort que les hameaux, disparaissant sous les eaux lors de la mise en eau du barrage.

Aujourd'hui, l'auberge de Salanfe, aménagée dans d'anciens baraquements de chantier, perpétue la tradition d'accueil du plateau. Elle offre aux visiteurs un lieu de repos et de restauration, tout en leur permettant de découvrir la beauté de ce site.

Du Lac de Salanfe au Col du Jorat

Je me suis arrêté un instant pour savourer le superbe panorama des montagnes se reflétant sur la surface paisible du lac, bercé par le tintement lointain des cloches des vaches qui paissaient plus haut. Il n'y avait pratiquement personne, ce qui est plutôt rare par une si belle journée d'été, mais il est vrai qu'il était encore tôt.

J'ai également pris le temps de contempler les principaux sommets des Dents du Midi (la Haute Cime, les Doigts, la Dent Jaune, l'Éperon, la Cathédrale, la Forteresse et la Cime de l'Est) qui se détachaient nettement.

Après avoir dépassé l'auberge, j'ai vite atteint une bifurcation de sentiers. J'ai pris à droite en direction du Col du Jorat. Une courte montée m'a mené à la petite terrasse de Saut Péca, un nom évocateur qui rappelle le passé pastoral de ces lieux. "Saut" dérive du latin "saltus" et signifie "terrain boisé, clairière" et par extension "pâturage", tandis que "Péca", anciennement écrit "Pécaz", vient du latin médiéval "(pratum) pascuale" et signifie "(prairie) que l'on pâture". Sans surprise, j'ai rencontré un troupeau de vaches avec leurs veaux. Plusieurs mères, attentives à la présence de leur progéniture, ont interrompu leur paisible festin pour me fixer du regard, évaluant si je représentais un danger pour leurs petits. Face à leur inquiétude légitime, j'ai reculé de quelques pas, pris rapidement quelques photos et poursuivi mon chemin.

Le sentier s'est ensuite engagé dans une traversée en pente douce ascendante. La montée jusqu'au col du Jorat, sur le large chemin caillouteux, n'avait rien de particulièrement remarquable. Heureusement, plusieurs marmottes, dont de jeunes individus, s'ébattant sur les pentes environnantes, ont apporté une touche de vie et d'animation à cette ascension un peu monotone.

La Dent du Salentin, en face, se dévoilait de plus en plus, mais le soleil n'éclairait malheureusement pas encore son versant sud-ouest, le laissant dans l'ombre.

Une croix marque l'arrivée au col du Jorat. Ce toponyme issu des anciens mots locaux "jeur, jore, joure, joux, jure,", évoque une "[i]hauteur boisée", désignant une forêt de haute futaie. Ironiquement, il n'y a plus aucun arbre à proximité, le seul bois présent étant celui de la croix érigée en hommage aux bergers. Le nom du col provient en réalité des alpages situés en contrebas, au pied de la face nord-est des Rochers des Gagneries.

Le col offre un panorama exceptionnel sur le lac de Salanfe et la Tour Sallière. La vue s'étend également vers le nord, où mon regard a été capté par une pointe rocheuse nommée La Vierge. J'ai essayé, sans grand succès, d'y discerner la vague ressemblance avec une statue de la Sainte Vierge qui lui a valu son nom. En arrière-plan, j'ai cependant aisément reconnu la Cime de l'Est, l'un des sommets emblématiques des Dents du Midi.

Du Col du Jorat à la Gorge du Taureau

Après une courte pause pour reprendre des forces et admirer le panorama, je me suis lancé dans la partie plus exigeante, mais plus intéressante, de l'ascension.

Un sentier s'étire vers l'est. Quelques dizaines de mètres plus loin, j'ai délaissé la sente discrète qui longe la crête pour emprunter le chemin plus marqué qui s'élève en faux plat dans le flanc herbeux nord-ouest. J'ai rapidement repéré des traces de peinture délavée sur certains rochers. L'itinéraire était en effet bien balisé, tantôt par des marques rouges ou bleues, tantôt par des cairns. La déclivité du versant s'est rapidement accentuée, et, comme souvent en montagne, les photos ne rendaient pas justice à la verticalité du terrain. Dès cette première partie, je me suis dit qu'il valait mieux éviter cette ascension par temps humide, et la suite, encore plus exposée, n'a fait que confirmer cette impression.

J'ai fini par atteindre un collet rocheux au nord-est de P. 2324, qui m'a permis de basculer sur le versant sud-est. L'atmosphère y était radicalement différente: le flanc de la montagne s'avérait plus abrupt. Le sentier, en légère descente, traversait la pente herbeuse en longeant l'arête.

La Gorge du Taureau

Très vite, mon attention a été captée par un amas de cailloux qui semblait barrer le chemin. Dans un premier temps, je n'y ai guère prêté attention et j'ai poursuivi mon avancée, enjambant ce petit obstacle sans réfléchir. Cependant, après quelques mètres, un doute m'a assailli. Je me suis remémoré le topo qui mentionnait une brèche particulièrement exposée, nécessitant un passage d'escalade délicat de niveau III/IV, qu'il était préférable de contourner par la droite. La présence de ces cailloux était-elle un signe? Étais-je déjà engagé dans la mauvaise direction?

J'ai alors scruté le terrain en contrebas, en direction du sud. Effectivement, j'ai distingué quelques cairns discrets et une sente à peine visible qui semblait correspondre à la description du topo. J'ai donc fait demi-tour et me suis engagé dans cette descente abrupte, suivant tant bien que mal le balisage jusqu'à atteindre un petit replat rocheux. Là, un gros point rouge, presque effacé par les intempéries, confirmait que j'étais sur la bonne voie.

Une vire étroite s'étirait sur la gauche, suspendue au-dessus du vide. Le passage était vertigineux, mais une chaîne avait été installée pour assurer la sécurité. Je m'y suis aventuré, tout en inspectant l'état du matériel et en m'assurant de la solidité des ancrages. Au début, tout semblait en ordre: la chaîne était solidement fixée au rocher. Mais en progressant, j'ai constaté qu'une broche était sortie de son logement et pendait lamentablement dans le vide. Le pire, c'était que cette section non sécurisée se trouvait dans la partie la plus délicate du passage, qui plus est en légère descente.

J'ai continué ma progression, concentré sur chaque pas, essayant d'éviter de trébucher sur la chaîne qui entravait mon chemin. Je me suis agrippé au rocher et aux rhododendrons, cherchant des points d'appui stables pour maintenir mon équilibre. En fin de compte, j'ai rejoint l'autre extrémité de la vire. Mais le répit a été de courte durée. Il me fallait encore remonter directement dans le couloir, un véritable entonnoir plongeant vers Van d'en Haut, qui s'élevait abruptement vers la brèche. Une sente était visible, mais le terrain s'avérait meuble et instable. À plusieurs reprises, des pierres et de la terre se sont dérobées sous mes pieds, mais j'ai gravi cette dizaine de mètres sans encombre et à atteindre la fameuse brèche.

Il est évident qu'un pied sûr et une absence totale de vertige sont absolument nécessaires pour venir à bout de cette "Gorge du Taureau", nom donné au passage par Steve Zufferey dans son topo. L'origine de cette appellation étrange reste cependant un mystère pour moi.

J'ai trouvé ce passage très exigeant, sans doute le plus exposé de toute l'ascension. Si vous parvenez à atteindre la brèche, le sommet ne devrait plus vous poser de problème majeur…

De la Gorge du Taureau à la Dent du Salentin

Depuis la brèche, la sente s'élevait abruptement dans une cheminée rocheuse au sol graveleux. L'ascension directe semblait casse-gueule. J'ai préféré emprunter les gradins herbeux sur la droite, plus stables et confortables. Les traces de passage visibles dans l'herbe témoignaient que je n'étais pas le premier à faire ce choix judicieux.

Le chemin continuait ensuite en pente douce à travers le versant ouest, puis sur la face nord-ouest. La sente, bien marquée et facile à suivre, offrait une progression agréable malgré le vide qui s'ouvrait parfois sous mes pieds.

J'ai poursuivi ainsi jusqu'à me retrouver face à un rocher imposant, orné d'une énorme flèche bleue pointant vers le ciel. J'ai alors grimpé à travers les pentes herbeuses, en suivant une des multiples sentes. Par une série de zigzags, j'ai progressivement gagné de l'altitude, jusqu'à atteindre l'arête ouest-nord-ouest, à environ 2435 mètres. Un coup d'œil à la carte topographique m'a confirmé que l'éminence qui se dressait devant moi n'était qu'une antécime, un faux sommet avant le véritable objectif.

J'ai longé l'arête en faux plat, tantôt herbeuse, tantôt rocheuse, jusqu'à ce qu'elle se redresse plus franchement. L'itinéraire devenait alors moins évident, la sente s'effaçant par endroits et les traces de peinture rouge délavé se faisant plus rares. Il était possible de suivre l'arête, aérienne et exposée, pour atteindre l'antécime, mais j'ai préféré rester sur le versant nord-ouest, contournant cette proéminence.

J'ai ainsi atteint un nouveau collet rocheux. De là, j'ai repris ma progression sur le fil de l'arête, évitant les obstacles quand c'était possible et escaladant ceux qui ne l'étaient pas (cotation I-II). Le rocher était généralement solide, mais je prenais soin de bien vérifier chaque prise. J'avais quelques appréhensions après avoir vu une vidéo sur YouTube où l'arête paraissait particulièrement vertigineuse. En réalité, l'ambiance était certes aérienne, mais sans être outre mesure exposée. L'effet "fisheye" de la caméra avait sans doute accentué la perspective, donnant une impression trompeuse de vide.

J'ai rejoint une deuxième antécime, d'où j'ai enfin aperçu la croix sommitale. Tout au long de l'ascension, j'avais espéré observer des animaux sauvages, tels que des chamois bondissant sur les rochers, des bouquetins scrutant l'horizon ou même des gypaètes barbus planant dans les airs. Mais la faune s'est faite discrète ce jour-là, et seul un chocard à bec jaune est venu m'accueillir à mon arrivée au sommet, quelques minutes plus tard.

J'ai savouré ce moment de solitude au sommet, me contentant de la récompense ultime: la vue panoramique à 360 degrés qui s'étendait sous mes yeux. Un spectacle grandiose et saisissant, embrassant le lac de Salanfe, la Tour Salière, les Dents du Midi, ainsi qu'une multitude de sommets alpins et préalpins, dont le massif du Mont-Blanc, sans oublier les rives lointaines du Léman.

Le toponyme de ce sommet, anciennement écrit Salantin, évoque un promontoire rocheux qui "saute" ou "jaillit" du paysage, attirant l'attention par sa forme singulière et sa position dominante. Une appellation qui lui va à ravir!

De la Dent du Salentin au Col du Jorat

J'ai profité d'un long moment de calme et de solitude offert par ce sommet peu fréquenté. Le silence, seulement troublé par le vent et le cri occasionnel du chocard, était propice à la contemplation. J'ai ensuite amorcé la descente vers le col du Jorat, empruntant le même itinéraire qu'à la montée. À ma grande surprise, la descente s'est déroulée avec une fluidité inattendue.

Le chemin, bien que parfois escarpé et exposé, était nettement plus visible de haut en bas. Les passages délicats, qui m'avaient semblé parfois intimidants à l'aller, se franchissaient désormais avec aisance. Même la traversée de la Gorge du Taureau, qui m'avait tant impressionné à l'aller, s'est révélée plus aisée au retour. La légère pente ascendante facilitait la progression et, malgré l'ancrage manquant, j'ai pu m'aider de la chaîne pour franchir le passage délicat.

Du Col du Jorat au Plan Bouillet (P. 1729) par Sur Frête

De retour au col du Jorat, je me suis réengagé sur la large piste caillouteuse. La descente vers les alpages du Jorat, bien que ponctuée de magnifiques panoramas sur les Rochers des Gagneries, La Vierge et la Cime de l'Est, n'avait pas le charme sauvage et l'exaltation de l'ascension vers la Dent du Salentin. Le chemin, plus large et plus fréquenté, offrait une progression aisée, mais manquait un peu de cette intimité avec la montagne.

À P. 2040, j'ai enfin pu quitter cette piste monotone pour emprunter un sentier plus attrayant qui traversait en faux plat descendant la pente verdoyante du lieu-dit de Noudane Dessus. Ce toponyme, qui évoque un sol humide et fertile, était bien choisi: le sentier serpentait à travers des zones marécageuses, qui nourrissaient une végétation luxuriante, composée de magnifiques tapis de rhododendrons aux couleurs éclatantes et de quelques arbres épars, principalement des conifères, dont les aiguilles diffusaient un parfum résineux dans l'air frais de la montagne.

Le sentier, bien que toujours bien marqué et facile à suivre, ne semblait plus entretenu depuis un certain temps. La nature reprenait ses droits, la végétation envahissant par endroits le chemin, masquant les aspérités du terrain et exigeant un minimum d'attention pour ne pas s'encoubler.

Durant cette traversée, je me suis arrêté à plusieurs reprises pour admirer la vue. La brèche sur la crête nord-ouest de la Dent de Salantin, que j'avais franchie quelques heures plus tôt, offrait un spectacle saisissant. Je pouvais désormais contempler l'ensemble de l'arête que j'avais parcourue, avec ses passages escarpés et ses vires aériennes. La face abrupte et impressionnante de la Dent du Salentin, qui m'avait paru si intimidante lors de l'ascension, se révélait sous un nouveau jour, majestueuse et imposante.

Vers 1990 mètres d'altitude, le sentier se séparait en deux. Ignorant le branchement de droite, non indiqué sur les cartes topographiques et dont la destination restait un mystère, j'ai poursuivi ma descente vers le sud, suivant le sentier de Sur Frête. Ce toponyme, qui signifie "crête" ou "arête de montagne", décrivait à merveille le tracé du chemin, qui serpentait le long de la crête, offrant des vues imprenables sur les vallées environnantes. Les Dents de Morcles, avec leurs sommets acérés et leurs parois abruptes, se dressaient fièrement à l'horizon.

Le sentier, toujours bien visible malgré son manque d'entretien, m'a finalement mené à P. 1729, où il rejoignait un sentier balisé. À quelques pas de là, une croix et un vieux tronc d'arbre transformé en banc, marqué par les années, offraient un joli coin de repos avec une vue imprenable sur la vallée du Rhône.

De Plan Bouillet (P. 1729) à Van d'en Haut

Après avoir quitté le Plan Bouillet, j'ai entamé la longue descente sur le flanc est de la Dent du Salentin. Le sentier, serpentant principalement à travers la forêt, m'offrait un répit bienvenu face à la chaleur grandissante de cette journée d'été. Les rayons du soleil, filtrant à travers les feuillages, créaient un jeu d'ombres et de lumières dans le sous-bois.

J'ai rapidement atteint la clairière de Cocorié (P. 1646). Les anciennes cartes mentionnaient une mine d'or à cet endroit, ce qui avait éveillé ma curiosité. Cependant, je n'y ai trouvé qu'un refuge fermé, sans aucun indice d'une quelconque activité minière passée. Peut-être n'ai-je pas cherché avec assez d'attention ou peut-être la mine était-elle située plus loin dans la forêt…

Le sentier, bien que balisé, semblait peu fréquenté. J'ai n'ai croisé qu'une seule randonneuse et les nombreux bolets qui avaient élu domicile au bord du chemin semblaient confirmer mon hypothèse.

Le parcours, varié et agréable, alternait entre passages en sous-bois, courts tronçons sécurisés par des chaînes et traversées de ruisseaux rafraîchissants.

Sans difficulté majeure, j'ai rejoint Le Salentin et son petit refuge, lui aussi fermé. De là, une longue, mais douce montée m'attendait en direction du Plan Dzora. Le soleil, désormais haut dans le ciel, dardait ses rayons sur les pentes dégagées, me faisant transpirer abondamment. Je regrettais alors la fraîcheur bienfaisante de la forêt, mais la vue qui s'ouvrait devant moi, sur les sommets environnants, compensait largement cet inconfort passager.

J'ai finalement retrouvé une route carrossable juste en dessous de Plan Dzora. La large piste descendait ensuite en lacets jusqu'aux Diés, un hameau autrefois appelé Les Gays. Ce dernier toponyme était issu soit de l'ancien français "gay" signifiant "d'humeur riante", soit de l'ancien français "guai" signifiant "malheur, infortune", soit encore de l'ancien français "gait, guait" signifiant "guet, veilleur de nuit". Ce changement de nom récent a éveillé ma curiosité, mais je n'ai trouvé aucune information sur son origine ou sa nouvelle signification.

J'ai continué à suivre la piste carrossable, mes pas des plus en plus lourds résonnant sur le gravier, jusqu'à rejoindre la route asphaltée. De là, il ne me restait plus qu'à remonter jusqu'à Van d'en Haut, point de départ et d'arrivée de cette belle randonnée. La fatigue se faisait sentir dans mes jambes, mais mon esprit était léger, rempli des images et des sensations de cette journée passée au cœur de la montagne.