Accès

Accès en voiture

Emprunter l'autoroute A9 jusqu'à Martigny, puis continuer sur la E27 en direction de Chamonix. Suivre la direction France sur à peu près 35 km. Environ 4 km après avoir quitté le village de Trient, bifurquer à droite en direction de Finhaut, puis continuer jusqu'à Emosson. Plusieurs parkings sont disponibles aux abords du barrage.

Accès en transports publics

Depuis la gare CFF de Martigny, emprunter le train Mont-Blanc Express. Il y a ensuite deux façons de rejoindre le barrage d'Emosson. La première possibilité, qui est aussi la plus rapide, est de s'arrêter à Finhaut puis de continuer en car postal jusqu'à destination.

La deuxième variante, la plus jolie et la plus impressionnante, est de descendre au Châtelard puis de prendre les installations du VerticAlp. Du Châtelard, un funiculaire, qu'avec une pente maximale de 87° un des plus raides du monde, mène à la gare des Montuires quelques 700 m plus haut. Un train panoramique serpente ensuite à travers forêts et tunnels jusqu'au pied du barrage d'Emosson. Finalement, un mini-funiculaire monte en quelques minutes sur la grande place qui surplombe le lac.

Veuillez consulter l'horaire en ligne des CFF pour trouver la meilleure correspondance.

Du Parking du Barrage d'Emosson au Bel Oiseau

Dans la partie supérieure du premier parking (en arrivant en voiture), un tunnel pénètre dans la montagne. Devant l'ouverture, il y a un poteau avec des panneaux du tourisme pédestre. Dans un premier temps, il faut suivre la direction pour Barberine. On entame donc la randonnée en empruntant la longue galerie qui mesure environ 700 mètres. L'intérieur est partiellement illuminé par des lampes accrochées à la voûte. L'intensité de la lumière qu'elles produisent est faible, mais suffisante pour (plus ou moins) voir où l'on met les pieds. À priori, il n'y a donc pas besoin de lampe frontale (en tout cas, la mienne est restée dans le sac à dos).

Une petite dizaine de minutes plus tard j'ai retrouvé la lumière du jour. Le soleil n'était pas encore très haut dans le ciel et la couleur du lac d'Emosson était encore dans les bleus foncés. C'est en effet seulement quand l'eau reçoit la lumière directe du soleil qu'elle a une belle couleur turquoise. Cela dit, le lever de soleil sur les montagnes offre aussi de magnifiques panoramas !

J'ai continué à longer le lac en suivant la route asphaltée.

On passe un deuxième tunnel, bien plus court que le premier, puis on contourne une première tête rocheuse. Plus loin, on aperçoit une deuxième tête rocheuse. C'est derrière celle-ci qu'il faudra quitter la route et emprunter un chemin.

Depuis le deuxième tunnel, il faut marcher encore un bon kilomètre sur la route asphaltée avant de tomber face à face avec l'inscription blanche "BEL OISEAU" peinte sur un rocher. Quitter la route et suivre le chemin qui traverse d'abord quelques buissons. Rapidement, on poursuit l'ascension en serpentant dans des pentes principalement herbeuses. Le sentier est bien marqué et il est balisé avec des cairns.

La montée s'effectue dans le versant nord-ouest de la montagne et vu l'heure relativement matinale j'étais donc à l'ombre (et cela ne me dérangeait pas du tout, bien au contraire…).

En cette fin de septembre, les prairies commençaient déjà à mettre les couleurs d'automne. À partir d'environ 2250 mètres d'altitude, le décor change, car la caillasse est de plus en plus présente. De temps à autre, tout particulièrement quand on progresse dans la rocaille, le sentier n'est que partiellement (voire plus du tout) visible. Il faut prendre le temps de repérer les cairns suivants. Il y en a toujours au moins un pour indiquer le parcours. Si on ne trouve rien, c'est fort probable qu'on cherche les petits monticules de pierres dans la mauvaise direction… Trouver le chemin est la plus grande difficulté. Techniquement, c'est une randonnée de montagne (T2 avec quelques passages en T3). À quelques endroits quand on traverse la caillasse, j'ai utilisé légèrement les mains pour l'équilibre.

J'étais à une bonne centaine de mètres (de dénivelé ) en contrebas du sommet quand j'ai aperçu un bouquetin. J'avais espéré croiser des animaux déjà avant, mais j'étais déjà content comme ça.

Après un court passage dans des pentes herbeuses, on arrive au bord d'un cratère. Le parcours poursuit à droite (plein sud) sur la crête. Une dernière montée dans la rocaille mène au gros cairn sommital du Bel Oiseau. Le nom de ce sommet n'a, à priori, rien à voir avec l'animal couvert de plumes et muni de deux ailes. La dénomination semble plutôt venir de la racine pré-indo-européenne BAL / BEL / BAU, qui signifie "rocher, hauteur", et du gaulois ouxellos, qui signifie "élevé". Ce nom signifierait donc rocher élevé.

Du sommet, on a une vue plongeante sur le barrage et une partie du lac d'Emosson. On a aussi de magnifiques panoramas sur la chaîne montagneuse qui va du Mont Ruan au Cheval Blanc (à l'ouest) et la chaîne du Mont-Blanc (au sud).

Du Bel Oiseau au Col du Bel Oiseau

Dans la littérature, on distingue parfois deux sommets du Bel Oiseau. Le premier, nommé "Sommet Sud", c'est celui que je venais de gravir. C'est le sommet le plus rocheux et il offre la meilleure vue. Il culmine à 2631 mètres d'altitude et il est indiqué sur les cartes topographiques. Au nord, de l'autre côté du cratère, le "Sommet Nord" ou "Sommet d'hiver" est herbeux et est treize mètres plus haut.

Pour aller du sommet Sud au sommet Nord du Bel Oiseau, on a deux possibilités: par la gauche (côté ouest) ou par la droite (côté est) du cratère. Pour la première variante, il faut emprunter le chemin de montée jusqu'à l'entrée de la combe, puis remonter par des pentes herbeuses. C'est l'option la moins difficile mais en contrepartie il y a une trentaine de mètres de dénivelé en plus (positifs et négatifs).

De mon côté, j'ai préféré m'amuser en crapahutant sur les grosses pierres sur le côté est. Du sommet, une sente relativement bien visible descend le long de la crête est. Très vite, on évolue sur de gros cailloux dont il faut vérifier à chaque pas leur stabilité. Finalement, la caillasse était bien plus stable de ce que j'avais imaginé. Il faut bien rester sur la crête et ne pas trop partir dans le versant est, car celui-ci est très escarpé. Il y a un semblant de sente relativement évidente à suivre, même dans la partie montante lorsqu'on serpente entre les grosses pierres. À quelques reprises j'ai utilisé les mains pour franchir de gros cailloux, mais techniquement c'est une randonnée alpine facile (T4- tout au plus) et on gagne rapidement le sommet Nord, marqué par un petit cairn.

Du sommet Nord, la longue arête que j'avais prévu de suivre jusqu'au Fontanabran était bien visible. À première vue, mis à part quelques courts passages, elle ne semblait pas très technique. J'ai suivi la large arête en direction ouest sur une petite centaine de mètres. Là, j'ai été confronté à la première difficulté technique. Les premiers mètres de l'arête nord sont en effet très effilés. À moins d'être un très bon équilibriste, il faut passer sur le côté. La face est, c'est une dalle rocheuse très pentue avec des prises pour les pieds extrêmement étroites. J'ai donc préféré utiliser une sente étroite dans la face ouest. J'ai progressé en m'assurant avec les mains sur le rocher de l'arête même. Quelques mètres plus loin, la crête devient assez large pour qu'on puisse poursuivre sans s'assurer avec les mains. La partie technique prend fin une dizaine de mètres plus loin. Il faut un pied sûr et ne pas être sujet au vertige pour franchir ce départ d'arête. Ce passage mérite le degré de cotation T4 et c'est le passage le plus technique et exposé de la randonnée. Si vous franchissez ces premiers mètres, la suite ne devrait pas poser de surprises.

Une sente relativement bien marquée longe ensuite la crête sans autres obstacles particuliers jusqu'à rejoindre le Col du Bel Oiseau.

Du Col du Bel Oiseau aux Rochers Rouges

Le Col du Bel Oiseau marque le début de la longue falaise rocheuse des Rochers Rouges. Le parcours suit d'abord l'arête sud-est, puis continue par l'arête nord-est.

Une courte montée, d'abord en suivant sur la crête, puis dans le versant ouest, mène à une antécime (P. 2608). À cause de la forte déclivité, j'ai utilisé les mains dans la partie pour l'équilibre. Cela dit, techniquement, il n'y a pas de difficultés majeures.

La suite de l'arête est parsemée de petites pointes rocheuses. Une sente relativement bien visible suit la crête et contourne aisément ces difficultés (principalement par le versant ouest). On gagne un nouveau col (P. 2552). De là, la sente monte d'abord sur le versant ouest, puis une courte traversée mène sur le versant est, à une dizaine de mètres de la crête est-ouest. Il y avait plusieurs sentes plus ou moins visibles qui gravissent la dernière pente raide. J'ai choisi la plus directe. Il y avait plusieurs marches naturelles dans le terrain qui m'ont aidé à progresser. L'utilisation des mains était nécessaire pour l'équilibre.

Lorsque j'ai gagné l'arête, j'ai remarqué un cairn à quelques mètres sur ma gauche (très pratique si on fait la randonnée dans le sens inverse). J'ai poursuivi à droite (direction nord-est) et quelques dizaines de mètres plus loin j'étais sur le point culminant des Rochers Rouges (P. 2615). De là, on a une magnifique vue sur toute l'arête parcourue avec le Glacier du Tour en arrière-plan.

Des Rochers Rouges à la Pointe de Blantsin (P. 2679)

La descente sur le Col des Chèvres (P. 2567, sans nom sur les cartes topographiques) est agréable et offre une belle vue sur le petit Lac de Fontanabran. Tout au long de la descente, rester sur le fil de l'arête en contournant les éventuelles difficultés par le versant nord-ouest.

Du Col des Chèvres, on monte de nouveau, toujours en suivant la crête. Après quelques zigzags dans la caillasse dans la partie finale, on gagne la Pointe de Blantsin (P. 2679, sans nom sur les cartes topographiques). Ce sommet offre lui aussi de superbes panoramas sur les lacs de Fontanabran et d'Emosson et les sommets aux alentours. Dans la combe de Blantsin, j'ai pu observer des bouquetins qui étaient installés sur une butte de caillasse au milieu de quelques névés.

De la Pointe de Blantsin (P. 2679) au Fontanabran

De la Pointe de Blantsin, j'ai longé l'arête nord-ouest. Vers 2625 mètres d'altitude, elle devient trop exposée. Du coup, j'ai zigzagué dans la pente herbeuse, jusqu'à rejoindre une sente bien marquée environ une dizaine de mètres en contrebas.

Quelques pas plus loin, on passe à côté de la brèche de Fontanabran (vers 2615 mètres d'altitude, sans indications sur les cartes topographiques). La sente remonte ensuite dans le versant sud-ouest du Fontanabran. Je m'attendais à gagner rapidement le sommet, mais quand j'ai mis les pieds sur une antécime rocheuse, j'ai vu que le parcours jusqu'à la cime était un peu plus long. J'ai poursuivi en restant sur le fil de l'arête où il y a quelques passages aériens avec des pas très faciles d'escalade (I). Contourner les quelques difficultés par le versant ouest, mais revenir rapidement sur le fil de l'arête.

Vers 13 heures, j'étais au point culminant de la randonnée: le sommet du Fontanabran, où trône un énorme cairn. Je me suis installé juste à côté pour me protéger du petit vent qui soufflait là-haut. J'ai profité de la superbe vue sur le Luisin, que j'avais gravi un mois plus tôt environ, les hautes falaises des Pointes d'Aboillon et le vallon d'Emaney.

En fin de compte, le parcours sur l'arête entre le Bel Oiseau et le Fontanabran ne comporte que quelques courts passages aériens et exposés qui demandent un peu de technique (d'où le T4). La plupart du temps, on avance sur une sente très agréable (T2-T3). La longueur du parcours n'est par contre pas à sous-estimer : c'est plus long de ce que l'on imagine. Je conseille aussi de faire la randonnée dans le sens décrit ici pour avoir le passage le plus exposé au départ de l'arête.

Du Fontanabran au Col de Barberine

Une sente, relativement bien visible, longe l'arête ouest (herbeuse). Plusieurs cairns aident à suivre la bonne direction. Vers 2600 mètres, on passe sur le versant nord de la montagne et on poursuit la descente dans la caillasse. La sente reste bien visible et l'on retrouve aussi des cairns à des intervalles réguliers. Cela n'a pas empêché un couple de randonneurs, les premiers que j'ai croisés ce jour-là, de perdre la trace. Nous avons échangé quelques banalités et ils m'ont demandé quelques informations sur le parcours. J'ai ensuite poursuivi jusqu'à rejoindre le col de Barberine.

Du Col de Barberine au Parking du Barrage d'Emosson

J'ai jeté un dernier regard au vallon d'Emaney et les montagnes qui le dominent, puis j'ai entamé la descente en direction du lac d'Emosson sur un sentier bien marqué (et balisé). La descente à travers les pâturages avec la vue sur l'énorme réservoir bleu-turquoise est magnifique. Le seul inconvénient c'est que l'on croise plus de randonneurs (mais ce n'est pas non plus la grosse affluence…).

Quand je suis arrivé au bord du lac, le soleil avait disparu et les nuages avaient recouvert le ciel. Les prévisions météo avaient annoncé le début des précipitations en deuxième partie d'après-midi et cela semblait se confirmer.

Pour retourner au parking, il n'y a plus qu'à suivre le chemin carrossable qui longe l'étendue d'eau. Quelques centaines de mètres plus loin, le chemin devient une route asphaltée. Le retour jusqu'au parking est long et monotone, mais heureusement il y a de jolis panoramas qui contrebalançaient l'ennui de la route.

On termine la randonnée de la même façon qu'on l'a commencé : en traversant le long tunnel.