De nos jours, internet a considérablement simplifié la recherche d'informations sur les itinéraires de randonnée. De multiples sites web proposent désormais une vaste quantité de topoguides, produits aussi bien par des guides de montagne professionnels que par des amateurs passionnés.
Ces topoguides présentent des descriptions plus ou moins détaillées des parcours, souvent complétées de photos, accompagnées de traces GPS à télécharger et d'informations pratiques indispensables comme la distance, le dénivelé, le temps de marche estimé et la difficulté générale. Les utilisateurs peuvent également consulter des commentaires d'autres randonneurs, qui partagent leurs impressions et leurs conseils.
Cette riche source d'informations permet aux randonneurs de facilement choisir un itinéraire adapté à leur niveau et leurs envies. Mais imaginons à présent que l'on se retrouve uniquement face à une carte topographique, sans autre support. Serait-il alors possible, dans de telles circonstances, d'évaluer la difficulté de la randonnée?
L'échelle de difficulté des randonnées
En Suisse, toute personne qui s'est déjà promenée en montagne est habituée aux marques qui jalonnent les sentiers. Cette signalisation, présente à intervalles réguliers, prend différentes formes: panneaux métalliques détaillés, autocollants, peinture sur les rochers et les arbres. Ces balises, apposées le long des sentiers officiels, se distinguent par trois couleurs: le jaune, le blanc-rouge-blanc et le blanc-bleu-blanc. Ce code de couleurs repose sur l'échelle de randonnée du CAS, qui classe les itinéraires en 6 niveaux de difficulté, de T1 à T6. Cette classification, applicable à tout type de cheminement en montagne, prend en compte divers facteurs, tels que la difficulté de progression et d'orientation, l'exposition et l'engagement.
Les sentiers les plus accessibles, classés T1, sont balisés en jaune. Ils ne présentent aucune difficulté majeure et se caractérisent par un tracé bien visible sur un terrain plat ou légèrement incliné. Ces sentiers conviennent à tous types de marcheurs.
Sur des terrains plus escarpés et exigeants, où les chemins deviennent plus étroits ou disparaissent parfois, la couleur blanc-rouge-blanc signale des randonnées de montagne (T2 et T3). Un pied sûr, des chaussures adaptées et des notions d'orientation sont alors indispensables. Sur ces itinéraires, les randonneurs peuvent rencontrer des passages rocheux escarpés, des zones exposées, et parfois des portions équipées de cordes ou de chaînes. L'usage des mains peut s'avérer nécessaire pour conserver l'équilibre.
La couleur blanc-bleu-blanc, quant à elle, indique les sentiers de randonnée alpine, correspondant aux niveaux T4, T5 ou, plus rarement, T6. Ces itinéraires requièrent une bonne connaissance du terrain alpin, des chaussures de montagne robustes et un excellent sens de l'orientation. En effet, ces parcours sont souvent hors sentier et peuvent inclure des passages d'escalade facile sur des rochers exposés, ainsi que des traversées de glaciers et de névés. Un équipement spécifique, tel qu'un piolet ou des crampons, peut également être requis.
Il convient de noter que l'échelle du CAS pour la cotation des randonnées s'applique à tout chemin de montagne, qu'il soit balisé ou non. Les couleurs jaune, blanc-rouge-blanc et blanc-bleu-blanc ne concernent que les sentiers officiels.
Pour plus d'informations, il est possible de consulter la page des Echelles de difficulté sur le site du Club Alpin Suisse.
Évaluation de la difficulté sur les cartes topographiques
Après avoir exploré l'échelle de difficulté des randonnées, revenons à notre question initiale: est-il possible de déterminer la difficulté d'un chemin en se basant uniquement sur une carte topographique?
Si une carte topographique fournit des indications précieuses, elle a cependant ses limites. Grâce aux courbes de niveau, il est possible d'évaluer la pente et de visualiser le relief: pentes douces, forts dénivelés, vallées encaissées... Les symboles et les couleurs permettent d'identifier la nature du terrain: forêts, zones rocheuses, prés, cours d'eau... La carte met également en évidence certains obstacles, comme des falaises, des ravins ou des glaciers.
Cependant, la carte ne révèle pas tout. Elle ne permet pas de savoir si le sentier est bien entretenu, s'il est rocailleux ou glissant, si la végétation est dense, ni si certains passages sont exposés au vide... Un chemin traversant une paroi rocheuse peut être équipé d'échelles, de câbles ou de chaînes, ou, au contraire, ne pas être du tout sécurisé, mais la carte reste silencieuse sur ces aspects. De même, un cours d'eau peut apparaître comme un simple ruisseau à franchir sans difficulté ou comme un torrent impétueux nécessitant prudence et expérience.
En résumé, la carte topographique offre une vue globale du terrain, mais elle ne peut, à elle seule, révéler la difficulté réelle de l'itinéraire.
Les couches d'information
Cela signifie-t-il que sans topoguide, on est complètement démuni? Heureusement, non! Les nouvelles technologies offrent aujourd'hui des solutions intéressantes.
Des applications comme SwissTopo ou SuisseMobile permettent d'accéder à des couches d'information supplémentaires intégrées aux cartes topographiques classiques. La couche "Chemins de randonnée pédestre" répertorie notamment l'ensemble des chemins balisés de Suisse, représentés selon les couleurs officielles: jaune, rouge ou bleu.
Bien qu'utile, cette couche présente certaines limitations. Tout d'abord, elle se restreint aux sentiers officiellement balisés. Certes, le réseau suisse de sentiers pédestres est remarquablement étendu, avec environ 65'000 kilomètres de chemins balisés. Cependant, il ne couvre pas tous les itinéraires possibles. De fait, de nombreux chemins apparaissent sur les cartes topographiques sans être inclus dans cette couche d'information, ce qui rend impossible l'évaluation de leur niveau de difficulté. En outre, l'information fournie se résume à la couleur du balisage (jaune, rouge ou bleu). Si cette indication permet d'avoir une idée générale de la difficulté, elle reste très approximative. Ainsi, impossible de distinguer un T2 d'un T3, qui sont tous deux balisés en blanc-rouge-blanc, alors que leurs exigences techniques diffèrent. De la même manière, un sentier blanc-bleu-blanc peut correspondre à un T4, un T5 ou un T6, avec des niveaux d'engagement et de risques très variés.
La couche Topo de Tracestrack sur OpenStreetMap propose une solution plus précise, qui présente deux avantages principaux. D'abord, elle indique la cotation de manière claire et explicite, sous forme de texte. Ensuite, elle couvre un plus grand nombre de sentiers, dépassant largement les 65'000 kilomètres de chemins balisés. Le même système est également utilisé pour coter les sentiers dans d'autres pays européens, permettant ainsi une comparaison cohérente de la difficulté des itinéraires à l'échelle internationale.
Les topos ne sont pas morts
Les guides de randonnée restent, en définitive, une source d'information incontournable, car ils offrent généralement des descriptions détaillées des itinéraires, mentionnant les difficultés et les obstacles spécifiques à anticiper. En plus des guides papier, plusieurs sites internet spécialisés mettent à disposition de précieuses ressources. Voici quelques exemples que j'utilise couramment:
- Le portail des courses du CAS, donne accès à une base de données exhaustive de courses de montagne, y compris des randonnées. À noter que son accès est payant pour les non-membres du Club Alpin Suisse.
- CampToCamp est un site collaboratif regroupant des informations sur de nombreuses activités de montagne, dont la randonnée. Les utilisateurs y partagent des topos, des photos, des traces GPS et des commentaires d'utilisateurs.
- Hikr est un autre site collaboratif suisse, offrant une vaste collection de topos de randonnée avec des descriptions plus ou moins détaillées, des photos et des traces GPS, avec une prédominance d'informations en allemand.
La préparation théorique d'une randonnée reste indispensable pour estimer sa difficulté et choisir un itinéraire adapté à ses capacités. Il est crucial de croiser les informations provenant de différentes sources afin d'obtenir une idée précise de la difficulté d'un itinéraire. Chaque outil a en effet ses forces et ses faiblesses: les cartes interactives offrent une vue d'ensemble, les topos détaillent les points clés, et les sites web apportent des témoignages et des conseils.
Je vous souhaite de magnifiques randonnées, riches en découvertes et en toute sécurité!